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Corée du Sud: Mandat d'arrêt demandé contre le patron de Samsung

Jay Y. Lee (centre), le numéro un du groupe Samsung, arrive pour être interrogé en tant que suspect dans l'affaire de trafic d'influence autour de la présidente sud-coréenne Park Geun-hye. Le procureur spécial chargé de l'enquête demandera pour lui un mandat d'arrêt. /Photo prise le 12 janvier 2017/REUTERS/Ahn Young-joon

par Ju-min Park et Se Young Lee SEOUL (Reuters) - Le procureur spécial chargé de l'enquête sur l'affaire de trafic d'influence autour de la présidente sud-coréenne Park Geun-hye a annoncé lundi qu'il avait demandé un mandat d'arrêt contre Jay Y. Lee, patron de Samsung, premier groupe de Corée du Sud. Jay Y. Lee a été interrogé pendant 22 heures d'affilée la semaine passée dans le cadre de l'enquête pour une affaire de corruption qui a conduit le parlement à voter à une très large majorité en faveur de la destitution de la présidente Park, désormais suspendue de ses fonctions. Les enquêteurs cherchent à vérifier si des versements de l'ordre de 30 milliards de wons (24 millions d'euros) effectués par Samsung au bénéfice de deux fondations créées par Choi Soon-sil, amie et confidente de la présidente Park, sont liés à un arbitrage rendu en 2015 par le principal fonds de pension sud-coréen, supervisé par le gouvernement, en faveur de la fusion controversée de deux filiales du groupe Samsung. Lee, qui est devenu le numéro un de Samsung après que son père Lee Kun-hee a été victime d'un malaise cardiaque en 2014, est également accusé de détournement de fonds et de parjure par le procureur dans sa demande de mandat d'arrêt. Une audience doit avoir lieu devant un tribunal de Séoul mercredi à 10h30 (01h30 GMT) pour décider de la délivrance de ce mandat. "En prenant la décision de demander un mandat d'arrêt, les services du procureur spécial soutiennent que la justice doit prévaloir, tout en reconnaissant l'importance des intérêts économiques du pays", a déclaré Lee Kyu-chul, porte-parole du bureau du procureur, devant la presse. Dans un communiqué, Samsung a annoncé lundi qu'il ne pouvait pas accepter les accusations portées contre son dirigeant. "Il est difficile de comprendre la décision du procureur spécial", affirme le groupe dans ce communiqué transmis par courrier électronique. Les enquêteurs tentent de déterminer si Samsung a apporté un soutien financier à une société et une fondation créées par Choi, amie et proche de la présidente Park, et si ce soutien a influencé la décision du fonds de pension National Pension Service (NPS) d'aider à la fusion controversée de deux filiales de Samsung pour un montant de huit milliards de dollars en 2015. Le président de NPS, Moon Hyung-pyo, a été inculpé lundi d'abus de pouvoir et de faux témoignage. Arrêté en décembre, Moon avait reconnu avoir ordonné que NPS, troisième plus important fonds de pension du monde, soutienne la fusion des deux filiales de Samsung alors qu'il était ministre de la Santé et donc l'autorité de tutelle de NPS. Samsung a reconnu avoir soutenu financièrement les trois institutions tout en démentant que ce soutien visait à favoriser la fusion de ses deux filiales. (Ju-min Park; Danielle Rouquié pour le service français)