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Corée du Nord: La stratégie américaine axée sur les sanctions

par Phil Stewart et David Brunnstrom WASHINGTON (Reuters) - L'administration Trump a dit mercredi qu'elle voulait amener la Corée du Nord à démanteler ses programmes nucléaire et balistique via un durcissement des sanctions internationales et des pressions diplomatiques, semblant ainsi moins mettre en avant l'option militaire. La position américaine, qui paraît insister sur l'exploration de toutes les pistes non-militaires malgré des avertissements répétés disant que "toutes les options étaient sur la table", a été résumée dans un communiqué publié à la suite de réunions de l'administration avec les élus du Congrès. Les cent sénateurs ont d'abord été reçus à la Maison blanche puis le chef de la diplomatie, Rex Tillerson, le secrétaire à la Défense Jim Mattis, de même que le directeur du renseignement national Dan Coats et le chef de l'état-major des forces armées, le général Joseph Dunford se sont rendus au Capitole pour briefer tous les élus de la Chambre des représentants. Selon le communiqué, signé par Rex Tillerson, Jim Mattis et Dan Coats, la Corée du Nord est une "menace urgente pesant sur la sécurité nationale et une priorité de la politique internationale". Ces réunions d'information sont intervenues dans un contexte de menaces verbales et de démonstrations de force entre Washington et Pyongyang. Le président américain Donald Trump compte sur la Chine, seul partenaire de poids du régime de Pyongyang, pour faire pression sur Kim Jong-un. Mais il s'est dit à plusieurs reprises prêt à agir de manière unilatérale. "L'approche du président consiste à faire pression sur la Corée du Nord pour qu'elle démantèle ses programmes nucléaire et balistique (...) via un durcissement des sanctions économiques et la poursuite de la mise en oeuvre de mesures diplomatiques avec nos alliés et nos partenaires régionaux", lit-on dans le communiqué. "Les Etats-Unis veulent la stabilité et dénucléarisation pacifique de la peninsule coréenne. Nous sommes ouverts à la négociation en vue d'atteindre cet objectif. Nous restons toutefois prêts à nous défendre et à défendre nos alliés." RÉUNION VENDREDI À L'ONU POUR ÉVOQUER LES SANCTIONS Les membres du Congrès américain ont demandé à la Maison blanche d'adopter une stratégie claire à la suite des essais de missiles répétés menés par la Corée du Nord et la craintes de voir Pyongyang effectuer un sixième essai nucléaire. Certains élus, des démocrates comme des républicains, sont restés sur leur faim après les réunions avec la Maison blanche. Même si l'administration a répété que des frappes militaires n'étaient pas exclues, des responsables de la Maison blanche ont dit que le durcissement des sanctions étaient la clef de voûte de la stratégie américaine dans le dossier nord-coréen étant donné le risque des mesures de rétorsion que pourrait prendre Pyongyang. De ce fait, Donald Trump reste pour l'essentiel dans le sillage de la politique menée par son prédécesseur Barack Obama, qui a pourtant échoué à endiguer le programme d'armement de la Corée du Nord. Rex Tillerson présidera vendredi une réunion ministérielle du Conseil de sécurité des Nations unies consacrée au durcissement des sanctions contre la Corée du Nord. Selon les responsables américains, celles-ci pourraient inclure un embargo sur le pétrole, une interdiction de la compagnie aérienne nord-coréenne ou encore l'interception de navires cargo. Dans la journée de mercredi, le ministère des Affaires étrangères de la Corée du Nord a qualifié la tentative américaine de faire renoncer le pays à ses armes nucléaires de "rêve insensé" Dans ce contexte de tensions, l'armée américaine a commencé à déployer mercredi des éléments du bouclier antimissile THAAD sur le site prévu en Corée du Sud. Ce bouclier antimissile sera opérationnel dans les jours à venir, a déclaré devant le Congrès américain l'amiral Harry Harris, commandant en chef des forces américaines dans la zone Asie-Pacifique. L'amiral a dit penser que les Etats-Unis seraient en mesure de contrer toute attaque nord-coréenne qui viserait le porte-avions américain Carl Vinson, qui se rapproche de la péninsule coréenne et se trouve en ce moment dans la mer des Philippines. Harris a ajouté que Washington devrait songer à installer des systèmes de défense supplémentaires à Hawaï. Il s'est déclaré encouragé par les efforts menés par Pékin pour calmer son turbulent allié nord-coréen. Les Etats-Unis et la Corée du Sud ont convenu en juillet dernier de déployer le système de défense antimissiles pour faire face aux menaces de la Corée du Nord. Le déploiement plus rapide que prévu du THAAD a été dénoncé à la fois par la Chine et par le favori de l'élection présidentielle du 9 mai en Corée du Sud, Moon Jae-in. (Avec la contribution de Ben Blanchard à Pékin et de Patricia Zengerle et Amanda Becker à Washington, Benoit Van Overstraeten pour le service français)