La Corée du Nord brouille les signaux GPS, son voisin du Sud signale des "perturbations opérationnelles"

L'armée sud-coréenne accuse la Corée du Nord de mener des opérations de brouillage GPS, provoquant des "perturbations opérationnelles" dans les airs et sur la mer.

La Corée du Nord mène depuis vendredi une campagne de brouillage de signaux GPS ayant affecté plusieurs navires et des dizaines d'avions civils en Corée du Sud, a affirmé samedi 9 novembre l'armée sud-coréenne.

Ces accusations tombent dans une période de tensions autour de la Corée du Nord, qui a tiré il y a un peu plus d'une semaine un missile présenté comme le plus avancé de son arsenal et est accusée d'envoyer des milliers de soldats pour aider la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine, le tout dans le contexte de l'élection américaine remportée par Donald Trump.

L'armée sud-coréenne a appelé à la prudence les bateaux et avions civils sud-coréens circulant sur et au-dessus de la mer Jaune, entre la Chine et la péninsule coréenne, indiquant que des navires et des dizaines d'appareils subissaient "quelques perturbations opérationnelles".

"Nous exhortons avec fermeté la Corée du Nord à cesser immédiatement ses provocations GPS et l'avertissons qu'elle sera tenue pour responsable de tout problème qui en découlerait", a poursuivi dans un communiqué l'état-major interarmées de Séoul.

Le brouillage GPS consiste à émettre des signaux inconnus qui saturent les récepteurs des GPS et les rendent inutilisables pour la navigation. La Corée du Sud a accusé la Corée du Nord à de nombreuses reprises ces dernières années de pratiquer ce type de nuisance depuis son territoire.

En mai, l'armée sud-coréenne a fait état d'une attaque similaire de Pyongyang, en précisant qu'elle n'avait gêné aucune opération militaire dans le Sud.

"Les attaques de brouillages GPS présentent un véritable risque de sérieux incidents, dont de potentiels accidents d'avion dans le pire des cas", explique à l'AFP Yang Moo-jin, président de l'Université des études nord-coréennes à Séoul, notant que le but de cette campagne n'est "pas clair".

Il pourrait s'agir d'une "intention de détourner l'attention du monde des déploiements de troupes (nord-coréennes en Russie), d'instiller une inquiétude psychologique chez les habitants du Sud ou de répondre aux manœuvres (militaires sud-coréennes) de vendredi", développe le spécialiste.

Pour le transfuge Ahn Chan-il, directeur de l'Institut mondial des études nord-coréennes, les brouillages pourraient permettre au Nord de "protéger ses propres communications et échanges de renseignement pendant des opérations militaires cruciales" sur son territoire et à l'étranger.

Ces annonces surviennent un peu plus d'une semaine après un tir d'essai par Pyongyang d'un missile balistique intercontinental (ICBM) présenté par le régime comme le plus avancé de son arsenal.

Ce lancement, quelques jours avant l'élection présidentielle américaine mardi, représentait le premier test d'armement de la Corée du Nord depuis qu'elle a été accusée d'envoyer des troupes en Russie pour soutenir son effort de guerre en Ukraine.

La Corée du Sud avait riposté vendredi en tirant l'un de ses propres missiles balistiques dans la mer Jaune avec l'objectif de montrer sa "forte détermination à répondre avec fermeté" à "toute provocation nord-coréenne".

Ce missile Hyunmoo, un projectile sol-sol de courte portée, fait partie des armes du système de frappe préventive sud-coréen baptisé "Kill Chain" et dont l'objectif est de prendre les devants en cas d'offensive imminente de la Corée du Nord.

Pendant son mandat, Donald Trump a rencontré le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un à trois reprises, en commençant par un sommet historique à Singapour en juin 2018, mais les deux hommes n'ont pas réussi à faire beaucoup de progrès dans les efforts de dénucléarisation de la Corée du Nord.

Depuis l'échec d'un deuxième sommet à Hanoï en 2019, Pyongyang a abandonné la diplomatie, redoublant d'efforts dans le développement de son arsenal militaire tout en rejetant les offres de dialogue de Washington.

Depuis mai dernier, Pyongyang a par ailleurs envoyé vers la Corée du Sud des milliers de ballons transportant des immondices. Certains de ces ballons ont perturbé le trafic à l'aéroport international d'Incheon, situé au nord-ouest de Séoul, à une quarantaine de kilomètres de la Corée du Nord.

"Des avions décollent et atterrissent toutes les deux à trois minutes" à Incheon, "il est donc crucial de faire preuve de prudence", relève Yang Moo-jin.

Article original publié sur BFMTV.com