Une COP29 à crédit

Climatiques

​​Une avancée “décisive”, “radicale” : lundi, à Bakou, Yalchin Rafiyev, négociateur en chef de l’Azerbaïdjan, n’a pas lésiné pour vanter l’accord signé dès le premier jour de la COP29 sur les règles censées encadrer le marché des crédits carbone. Un triomphalisme dans la droite ligne de celui qui avait marqué la COP de Dubaï, l’année dernière, qualifiée d’“historique” pour avoir explicitement attribué aux énergies fossiles la responsabilité du réchauffement climatique.

Loin de partager cet enthousiasme, observateurs et ONG soulignent que ce texte a été mis aux voix sans le moindre débat. Lors de la réunion technique préparatoire, les négociateurs avaient approuvé des normes en lieu et place des recommandations habituelles, soumises à discussion. C’était à prendre ou à laisser.

De quoi s’agit-il ? Des modalités d’application de l’article 6 de l’accord de Paris, signé en 2015, qui porte sur les marchés du carbone, lesquels permettent aux pays riches et aux entreprises de payer les pays pauvres pour réduire leurs émissions tout en comptabilisant eux-mêmes les économies ainsi réalisées. En clair : un pollueur “compense” ses propres émissions de CO2 en payant pour des émissions évitées ailleurs, par exemple en finançant la protection d’une forêt, la reconversion d’une centrale à charbon ou l’installation de panneaux solaires. Apparemment, plutôt une bonne idée.

Mais comment s’assurer de la qualité de ces crédits carbone, autrement dit de la contribution réelle qu’ils apportent à la lutte contre le réchauffement ? En faisant superviser ces échanges par une instance indépendante, prévoit l’article 6.4 de l’accord de Paris. Sauf que depuis, les États n’étaient pas parvenus à s’entendre sur les règles. Résultat, les fraudes se sont multipliées. Des exemples ? En janvier 2023, une enquête avait révélé que des millions de crédits carbone certifiés par l’ONG Verra n’avaient aucun effet positif sur le changement climatique. En octobre, Bloomberg rapportait que Kenneth Newcombe, pionnier des crédits carbone et ancien patron de C-Quest Capital, avait lui aussi falsifié des données pour exagérer l’efficacité de certains projets de compensation.

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