COP29 à Bakou : Mukhtar Babayev, président de la conférence climatique en Azerbaïdjan a (lui aussi) des liens avec le pétrole

ENVIRONNEMENT - Vous vous souvenez du Sultan Ahmed Al-Jaber ? Ce PDG d’un grand groupe pétrolier était à la tête de la COP28 qui s’est déroulée l’an passé à Dubaï. Cette année n’est pas bien différente avec Mukhtar Babayev comme président de la nouvelle conférence pour le climat qui s’ouvre ce lundi 11 novembre, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.

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Mukhtar Babayev est le ministre de l’Écologie et des Ressources naturelles de l’Azerbaïdjan. Mais il a aussi travaillé 16 ans pour la compagnie pétrolière nationale, la Socar. Un passé qui n’est pas caché, mais quand même bien repeint en vert sur le site de l’événement où l’on peut lire : « Avant d’entrer en politique, Monsieur Babayev a travaillé à la compagnie pétrolière nationale d’Azerbaïdjan, où, en tant que vice-président chargé de l’écologie, il a développé et supervisé les efforts de l’entreprise en matière de développement durable et d’environnement. »

Mukhtar Babayev a d’abord exercé au département des relations économiques extérieures, avant d’intégrer celui dédié au marketing et des opérations économiques. Ce n’est que de 2007 à 2010 qu’il a été le vice-président chargé de l’écologie.

Risque de corruption

Un département sur l’écologie dans une entreprise spécialisée dans les hydrocarbures ne fait pas a priori bon ménage. La compagnie l’a créé pour officiellement réduire son impact environnemental mais, bien souvent, il s’agit de greenwashing, ce procédé marketing utilisé par une entreprise pour se donner une image vertueuse sur l’écologie, tout en continuant à polluer. En témoignent les vidéos de la Socar ou l’on voit des employés planter des arbres.

Mukhtar Babayev dans ses déclarations publiques insiste sur la nécessité de se mobiliser contre le changement climatique et assure même être désormais un « ennemi » de son ancienne entreprise. Sauf que plusieurs associations en doutent et assurent que cette édition de la COP est menacée par la promotion des énergies fossiles et la corruption.

« La COP29 risque de devenir un nouveau forum pour les contrats et la diplomatie des énergies fossiles », au moment où « la Socar mène une stratégie d’expansion régionale des énergies fossiles », assure notamment un rapport de l’ONG Transparency international et du collectif Anti-corruption data. La publication s’inquiète du choix de l’Azerbaïdjan comme pays hôte, alors qu’il tire historiquement ses revenus du pétrole et du gaz.

La Socar sera bien présente à la COP puisque sa filiale « verte » qui est le principal sponsor de l’événement. Ce mélange des genres avait déjà été dénoncé par des ONG l’an dernier à la COP28, qui s’est pourtant terminée par un appel à une « transition » vers l’abandon des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques.

Un accord signé par l’Azerbaïdjan mais qu’elle ne semble pas avoir l’intention de respecter. Quelques mois après la COP28, elle a prévu d’augmenter sa production d’énergies fossiles de 14 % d’ici 2035.

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