Cop26: Les pays exportateurs de gaz dénoncent la "cancel culture"

Un employé de Gazprom devant un gazoduc près de la ville de Svobodny dans l'extrême-Orient russe, le 29 novembre 2019 (photo d'illustration). (Photo: Maxim Shemetov via Reuters)
Un employé de Gazprom devant un gazoduc près de la ville de Svobodny dans l'extrême-Orient russe, le 29 novembre 2019 (photo d'illustration). (Photo: Maxim Shemetov via Reuters)

ÉNERGIE - La formule est pour le moins surprenante. Après les engagements pris à la Cop26 par quelque 200 pays pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) a souligné son mécontentement dans un communiqué partagé ce mercredi 17 novembre. L’organisation internationale va jusqu’à y parler de... “cancel culture des hydrocarbures”.

La “cancel culture” est un concept qui fait parler de lui ces dernières années, et plus particulièrement ces derniers mois en France. Derrière cette expression venue des États-Unis, on retrouve l’idée de mettre au ban une personne, un groupe ou bien une oeuvre en raisons de propos ou d’actes jugés choquants et inacceptables, généralement sous l’impulsion de militants antiracistes et défenseurs de la justice sociale. Elle est dénoncée notamment par des responsables politiques, au même titre que le “wokisme” honni par Jean-Michel Blanquer, à l’image récemment de l’ancien premier ministre Édouard Philippe.

Cette fois-ci, la “cancel culture” est donc invoquée dans un cadre nettement plus improbable, celui de la Cop26, par des pays visiblement inquiets qu’on s’attaque à une manne aussi importante de leur économie. Et tant pis pour l’environnement.

“Le gaz naturel, la source d’hydrocarbures la plus propre”

Les pays concernés se réunissent régulièrement au sein du Forum des pays exportateurs de gaz. Parmi les membres du FPEG, on retrouve les principaux producteurs mondiaux que sont la Russie, l’Iran, le Qatar, le Venezuela et l’Algérie.

Le FPEG représente plus de 70 % des réserves de gaz prouvées dans le monde, 44 % de la production commercialisée, 52 % des gazoducs et 51% des exportations de gaz naturel liquéfié (GNL). Les pays à la fois signataires de la Cop26 et membres de la FPEG sont donc particulièrement concernés par les engagements qui ont été pris au cours de la conférence.

La sortie des énergies fossiles était l’une des questions centrales de cette 26e conférence annuelle de l’Onu sur le climat. Si cela peut sembler étrange, les COP précédentes engageaient uniquement les États à diminuer leurs émissions de CO2, mais sans les enjoindre à limiter l’origine de ces émissions: la consommation de charbon, de pétrole et de gaz.

La version finalement adoptée du texte de cette année a pour la première fois mentionné les énergies fossiles. De manière plus subtile en revanche, que dans le texte initialement proposé. Le texte ne parle plus de “sortir”, mais de “réduire” l’utilisation du charbon par exemple.

En ce qui concerne la réduction des subventions aux énergies fossiles, l’encadrement reste flou. En effet, les pays sont uniquement invités à en finir avec celles jugées “inefficaces”. Parmi les énergies fossiles visées: les hydrocarbures (soit le pétrole et le gaz).

“Au FPEG, nous pensons que le gaz naturel, la source d’hydrocarbures la plus propre, a un rôle à jouer dans l’accompagnement d’une transition énergétique équilibrée”, peut-on lire dans la déclaration.

Dans cette dernière, même si l’organisation assure reconnaître “les enjeux posés par le changement climatique“, le gaz naturel est bien évidemment défendu, et décrit comme “l’un des catalyseurs mondiaux pour réduire les émissions rapidement, de manière rentable et résolument en remplaçant les carburants à forte intensité de carbone”.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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