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COP 28 à Dubaï : cet accord trouvé en amont des négociations n’augure rien de bon pour la suite des discussions

Simon Kofe, ministre de l’archipel de Tuvalu, menacé par la montée du niveau des mers, prononçant un discours pour la COP26 les pieds dans l’eau.
Capture d’Ecran / Gouvernement de Tuvalu Simon Kofe, ministre de l’archipel de Tuvalu, menacé par la montée du niveau des mers, prononçant un discours pour la COP26 les pieds dans l’eau.

ENVIRONNEMENT - Des négociations tendues, et un consensus in extremis. Lors d’une réunion « de la dernière chance » ce samedi 5 novembre, 10 pays du Nord et 14 pays du Sud sont parvenus à trouver un accord au sujet du mécanisme dit de « pertes et dommages ». Un texte crucial qui doit servir de base de discussion à la COP 28, organisée à partir du 30 novembre à Dubaï.

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La question de la solidarité entre les pays du Nord et les pays du Sud face au changement climatique sera l’un des grands sujets discutés cette année (avec la transition énergétique et le bilan de l’Accord de Paris). L’an dernier, la COP 27 a fait un pas de géant à ce sujet : les 196 pays réunis en Égypte avaient validé le principe d’un fonds sur les « pertes et dommages ».

Les parties avaient alors reconnu que les pays du Nord étaient majoritairement responsables du dérèglement climatique, compte tenu de leurs émissions historiques de gaz à effet de serre.

Le fonds doit donc permettre de d’aider les pays du Sud à faire face aux événements météorologiques extrêmes, puisque les effets du dérèglement les touchent en premier lieu. Il doit aussi les aider à faire face à des problématiques de long terme, telle que la sécheresse ou la montée du niveau de la mer.

« Cet accord ne satisfait personne »

Problème : l’accord négocié en amont de la COP 28 « ne satisfait personne, ni les pays du Nord, ni les pays du Sud », relève auprès du HuffPost Fanny Petitbon, responsable plaidoyer au sein de l’ONG Care France. S’il a été accepté par les parties, c’est avant tout pour éviter une copie blanche et que les discussions ne repartent de zéro à la fin du moins à Dubaï.

Cet accord est un « fragile compromis », juge également Lola Vallejo, directrice du programme climat à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). En effet, le texte n’est pas contraignant pour les pays du Nord : « Les pays développés sont “exhortés” et les pays en développement “encouragés” à contribuer au Fonds », souligne l’experte sur X (ex-Twitter).

Une formulation que les États-Unis, suivis par le Japon, ont trouvée encore trop engageante pour les pays riches, réclamant samedi dernier un verbe plus faible qu’« exhorter ». Ces volontés de veto ont de quoi inquiéter la société civile : « On ne sait plus s’il faut militer ou non pour réouvrir les négociations lors de la COP, au risque de terminer avec un accord très faible ou, pire, une absence de consensus », souffle Fanny Petitbon, responsable plaidoyer de l’ONG Care France.

Promesses non tenues des pays du Nord

De nouvelles discussions à Dubaï pourraient cependant permettre « d’identifier d’où viendra l’argent pour contribuer au fonds », souligne l’Institut de l’économie pour le climat. « Plusieurs hypothèses sont sur la table, comme des taxes sur le transport maritime, l’aérien ou les industries fossiles, ou encore une taxe sur les transactions financières », détaille l’organisme.

« Il est maintenant impératif que nous activions et capitalisions rapidement le fonds », car « le monde n’a pas besoin d’un compte bancaire vide », mais « d’un fonds opérationnel qui puisse réellement faire la différence », a exhorté le président émirati de la COP 28, Sultan Al Jaber, dans un message lu aux délégués à l’issue de la réunion ce samedi.

Les pays du Sud restent dubitatifs quant à la sincérité de l’engagement des pays du Nord. En 2009, ces derniers avaient promis 100 milliards de dollars par an aux pays en développement, pour les aider à lutter face au changement climatique. « Cet objectif n’a pas été atteint une seule fois depuis », souligne l’Institut de l’économie pour le climat.

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