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Pour contrer Zemmour, Le Pen la joue l'extrême droite de gouvernement

"Pas chamboulée", par la percée du polémiste dans les sondages, la cheffe de file du Rassemblement national tape, malgré tout, de plus en plus fort sur son concurrent.

POLITIQUE - De son salon à Cournon, Marine Le Pen teste un nouveau plan face à Éric Zemmour: incarner la modération. En visite au salon de l’élevage, dans le Puy-de-Dôme, ce jeudi 7 octobre, la candidate du Rassemblement national a reproché au polémiste “ses provocations” dans le débat public. Objectif: se présenter comme la plus “présidentiable” des deux.

“Nonobstant les provocations qu’évidemment je ne reprends pas à mon compte, sur le reste je ne vois pas bien la plus-value qu’il apporte sur le sujet de l’immigration et de l’insécurité”, a-t-elle expliqué face aux caméras accusant également Éric Zemmour d’entretenir un flou “déloyal” sur son futur: “moi j’ai à dire à Éric que maintenant il faut qu’il soit candidat, c’est une question aussi un peu de loyauté vis-à-vis des Français.”

La veille, Marine Le Pen tentait déjà d’endosser ces habits de “modérée” ou de “réaliste”, prenant exemple sur la primaire EELV, tout en assurant, au contraire de son camp, ne pas être “chamboulée” par la récente percée de l’essayiste, plusieurs fois condamné pour incitation à la haine, dans les sondages.

“Le réalisme c’est moins sexy, mais...”

“Il est vrai que dans notre famille de pensée, un peu comme on l’a vu d’ailleurs avec les écologistes, il y a une forme de compétition entre la radicalité et le réalisme”, expliquait-elle, mercredi, depuis son domicile, dans un entretien réalisé par l’ancien journaliste Pascal Humeau, prestataire de la candidate, et diffusé sur YouTube et Facebook.

Et dans cette bataille de courants, qui partagent, malgré tout, les mêmes “constats”, Marine Le Pen “assume d’être la tenante du réalisme”. Car, estime-t-elle, comme vous pouvez le voir ci-dessous, “c’est peut-être moins sexy, il y a moins d’ivresse qu’avec la radicalité, mais c’est redoutablement plus efficace pour régler les problèmes des Français.”

Voilà donc le premier axe de cette nouvelle stratégie: reprocher à Éric Zemmour sa radicalité, ou, en d’autres termes, l’accuser de “jouer avec une allumette à côté de la station essence” selon les mots de la députée du Pas-de-Calais.

”Je ne cherche pas le chaos (...) je reproche à certains de jouer avec une allumette à côté de la station essence, c’est à dire de faire des sorties qui soient provocatrices, qui sont parfois brutales”, lâchait-elle, déjà, dans cette vidéo, en critiquant le polémiste sur sa proposition autour des “prénoms français”: ”À quoi ça sert de faire de la provocation alors même qu’il faut du réalisme?”

La fibre sociale ?

Le deuxième axe, pour Marine Le Pen, tient dans le fait de rappeler sa fibre “sociale” face aux “propositions très dures” formulées par son concurrent qui dénonce un “Etat-Providence obèse”. “Ma sensibilité sociale me fait diverger”, a-t-elle lancé, ce jeudi, depuis Cournon.

Reprochant une forme de course à l’échalote entre Éric Zemmour... et Édouard Philippe sur le report de l’âge de départ à la retraite, “jusqu’à 67 ans”, la cheffe de file du Rassemblement nationale en a profité pour rappeler sa propre proposition de départ à 60 ans, après avoir annoncé, la veille, qu’elle voulait abaisser à 5,5% la TVA sur l’essence, le gaz et l’électricité, des “produits de première nécessité”.

Une stratégie qui s’inscrit dans la lignée de celle développée par la formation lepéniste depuis sa rentrée, autour des “libertés” et du pouvoir d’achat. Avec un succès tout relatif jusqu’à présent puisque, pour la première fois depuis plusieurs mois, Marine Le Pen, avec 15 et 16% des intentions de vote, n’est pas donnée qualifiée au second dans un sondage Harris interactive publié mercredi.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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