Contre les rodéos urbains, Darmanin promet de renforcer les contrôles (d’autres veulent aller plus loin)

French Interior Minister Gerald Darmanin speaks during the questions to the government session at the National Assembly in Paris, France, August 2, 2022. REUTERS/Benoit Tessier
BENOIT TESSIER / REUTERS French Interior Minister Gerald Darmanin speaks during the questions to the government session at the National Assembly in Paris, France, August 2, 2022. REUTERS/Benoit Tessier

BENOIT TESSIER / REUTERS

Gérald Darmanin à l’Assemblée nationale, le 2 août 2022.

RODÉOS URBAINS - Quelques jours après que deux enfants ont été percutés et blessés par un motard à Pontoise (Val-d’Oise), le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé, ce lundi 8 août, une intensification des contrôles dans toute la France « pour ce mois d’août » contre les personnes effectuant des rodéos urbains.

Le ministre, en déplacement à Marseille, a dit souhaiter « qu’il y ait 10 000 opérations de contrôle à partir d’aujourd’hui sur tout le territoire national pour lutter contre ces actes criminels de gens qui prennent la route pour leur route ». « Je veux dire que le gouvernement a la main extrêmement ferme contre non pas ces rodéos urbains que l’on présente comme un mot positif, comme si c’était un spectacle, mais contre ces actes souvent criminels qui viennent tuer, qui viennent blesser très gravement des femmes, des enfants, on l’a vu encore très récemment dans le Val-d’Oise », a-t-il poursuivi.

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À Pontoise, une fillette de 10 ans et un garçon de 11 ans ont été grièvement blessés alors qu’ils jouaient « à chat » sur l’esplanade de leur quartier après avoir été renversés vendredi soir par une moto lors d’un rodéo urbain. Selon sa mère interrogée par BFMTV, la petite fille, transportée à l’hôpital Necker, a été plongée « dans un coma artificiel » après avoir été opérée. Par ailleurs, le 8 juin dernier, un jeune homme âgé de 19 ans est mort après avoir été percuté par une moto lors d’un rodéo urbain à Rennes (Ille-et-Vilaine).

8 000 opérations de police depuis deux mois, selon Darmanin

Dans une instruction envoyée ce lundi aux préfets et consultée par l’AFP, le ministre de l’Intérieur demande que ces contrôles ciblent « les axes les plus exposés » selon « les dates et créneaux horaires ». Il ordonne également de « procéder à la saisie systématique des engins utilisés », « d’optimiser l’usage de la vidéoprotection » et « d’identifier les lieux de stockage » des motos ou quads, en lien avec les bailleurs sociaux et polices municipales.

Le ministre a défendu sa politique de fermeté en rappelant « qu’il y a eu depuis deux mois 8 000 opérations par la police et la gendarmerie » en France. Elles se sont soldées, selon lui, par 1 200 interpellations - « du jamais vu », selon lui - et 700 saisies de motos, quads ou voitures. Une loi de 2018 a renforcé la lutte contre ces « rodéos » motorisés et prévoit des peines pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison pour leurs auteurs. Notant que « le Parlement souhaite renforcer l’arsenal législatif et pouvoir mieux condamner » les auteurs, le ministre s’est dit « favorable à l’aggravation des moyens pénaux ».

Interrogée par franceinfo, Natalia Pouzyreff, rapporteure de la proposition de loi qui a fait des rodéos motorisés un délit en 2018, estime qu’« il faut rendre les confiscations de véhicules plus systématiques ». En plus de « renforcer la possibilité pour les policiers de faire des enquêtes au long cours, avec la possibilité d’avoir plus de caméras dans les quartiers pour pouvoir revoir les évènements » et d’appliquer des « sanctions plus radicales », la députée Renaissance juge qu’il faut alerter sur les risques encourus par les participants aux rodéos urbains et les risques qu’ils font encourir aux autres.

Un député Horizons favorable au « contact tactique »

Pour le député Nupes des Yvelines, Benjamin Lucas, le renforcement des contrôles annoncé par Gérald Darmanin « est l’une des réponses ». « La confiscation des véhicules (...), il faut l’envisager très sérieusement », a-t-il ajouté au micro d’Europe 1, ce lundi, évoquant l’« exaspération » et « le sentiment d’humiliation » des riverains face aux nuisances et aux accidents. « Je crois beaucoup au rétablissement d’une police de proximité », a-t-il poursuivi.

« Cela fait des années que l’impunité règne sur les rodéos urbains, a réagi l’ex-député LR Julien Aubert dans un tweet. Cela demande une action structurelle, pas une opération temporaire. » De son côté, la députée LR Michèle Tabarot estime que devant « l’ampleur démesurée prise par les « rodéos urbains » dans notre pays », il faut de « l’intransigeance judiciaire pour venir à bout de ces pratiques illégales et criminelles qui causent trop souvent d’abominables drames ».

Au sein de la majorité, un élu est allé plus loin dans les propositions pour lutter contre les rodéos urbains. Le député Horizons François Jolivet s’est, en effet, dit « favorable à l’expérimentation de la méthode du « contact tactique », par des policiers formés, afin de casser la dynamique meurtrière d’un rodéo urbain ».

« À Londres, les policiers peuvent mettre hors d’état de nuire un individu en #rodeo moto en le percutant tactiquement », a-t-il avancé. En 2021, l’ancien directeur de la police Frédéric Péchenard avait fait la même proposition contre les rodéos urbains.

L’émission Le Vrai du faux de franceinfo avait alors rappelé que cette technique de tamponnage de la police londonienne, autorisée par Scotland Yard en 2018 après la multiplication des vols et incidents impliquant des individus à moto, n’est pas spécifique aux rodéos urbains. Elle peut viser tout motard – même s’il ne porte pas de casque - en fuite ayant commis un délit ou un crime. La disposition ne faisait, en outre, pas l’unanimité. Tamponner « les gens à moto peut être dangereux » et « ne devrait être légal pour personne », commentait notamment Diane Abbott, une élue travailliste britannique.

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