"En contradiction avec la réalité": Macron tacle Retailleau, qui estime que "l'immigration n'est pas une chance"'

Dans un entretien diffusé ce samedi 5 octobre par France Inter, le président de la République a réagi aux récents propos du ministre de l'Intérieur issu des Républicains et tenant d'une ligne très à droite sur l'immigration.

Sur l'immigration, Emmanuel Macron a choisi de marquer son désaccord avec le nouveau ministre de l'Intérieur. Invité à commenter de récents propos de Bruno Retailleau, qui estimait dimanche que "l'immigration n'est pas une chance", le président de la République a jugé ce samedi 5 octobre qu'ils étaient "résolument en contradiction (...) avec la réalité".

"On aurait pu décider qu'on aurait mieux fait de la physique nucléaire sans la Polonaise Marie Curie" ou "qu'on aurait pu danser beaucoup mieux sans Charles Aznavour", artiste né en région parisienne de parents arméniens, a ironisé Emmanuel Macron dans un entretien diffusé par France Inter et enregistré le 1er octobre.

"Est-ce que l'immigration c'est mauvais? La réponse est non. Ça dépend", a-t-il encore avancé. "Est-ce que l'immigration du continent africain, elle est mauvaise en général? En vrai, pas totalement."

Pour le président de la République, la France est "un pays ouvert, depuis toujours" et "qui a vécu de l'immigration européenne, non-européenne" mais qui est "bousculé aujourd'hui comme beaucoup d'autres pays en Europe". "Cette réalité, elle est très dure à vivre dans tous ces pays. On y répond tous imparfaitement, sans doute moi le premier", a concédé Emmanuel Macron au cours de cette interview accordée dans le cadre du 19e sommet de la Francophonie.

Plus qu'une chance, les millions de binationaux et de Français issus de l'immigration sont "notre richesse" et "une force", a martelé le chef de l'État pour qui la "difficulté du moment" est de parvenir "à lutter contre les trafiquants d'êtres humains" et les "filières d'immigration clandestines".

"Je n'ai jamais croisé quelqu'un qui quittait heureux son pays pour passer dans la main de passeurs, prendre tous les risques à traverser le désert puis la mer, manquer de mourir dix fois et arriver dans un pays qu'il ne connaît pas", a-t-il poursuivi.

"Quand (les migrants) fuient la guerre, les troubles, nous devons les accueillir", a résumé Emmanuel Macron. "Quand ils fuient pour des raisons économiques, aidons les pays (d'origine) à mieux réussir."

Dans le camp présidentiel, Emmanuel Macron n'est pas le premier à avoir ouvertement critiqué les positions du nouveau locataire de la place Beauvau. En début de semaine, l'ancienne porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot avait notamment écrit sur son compte X que "notre langue permet de faire la différence entre immigration illégale et légale". "La première est à combattre, la deuxième à contrôler. Ne pas faire la distinction fait le lit du RN", avait-elle affirmé.

Article original publié sur BFMTV.com