Contrôle d’un homme handicapé à Paris : une vidéo de la RATP met hors de cause les policiers
Cette vidéo, vue plus de deux millions de fois, a fait le tour des réseaux sociaux et entraîné une vive émotion sur Internet. Sur la séquence publiée le 2 mai, on y voyait un homme amputé, laissé sans assistance par des policiers qui venaient de le contrôler sur un quai de gare, à Paris. Mais les caméras de surveillance contredisent les déclarations de la victime.
Lundi 2 mai, un homme se fait contrôler par trois policiers sur un quai de la gare de Lyon, à Paris. Les agents décident rapidement de fouiller l'homme, sans papiers. Amputé de ses jambes et d'un bras, François Bayga enlève ses prothèses, devant tout le monde, et surtout, les policiers vont quitter les lieux sans l’aider à se relever ni à se rhabiller. Il est laissé tel quel, à terre, ses prothèses et ses effets personnels éparpillés autour de lui. C’est du moins la version de l’homme qui depuis a raconté sa mésaventure sur le site des Observateurs de France 24.
“J’ai été plaqué contre le mur”
“C’était lundi, je cherchais le train pour rejoindre la gare du Nord. Sur le quai, trois policiers se sont dirigés vers moi. Ils m’ont demandé mes papiers alors j’ai enlevé mon sac à dos et je leur ai montré. Mais je n’ai pas tous mes papiers, je vis en France mais ma demande de papiers est encore en attente à la préfecture. Je leur ai dit, ils m’ont alors répondu que je n’avais rien à faire dans la gare. Je leur ai donné mon téléphone, ma carte AME [aide médicale d’État, NDLR] et ma carte d’inscription à mon club de rugby en fauteuil roulant. (…) a-t-il expliqué.
“J’ai été plaqué contre le mur et tandis que je me débattais l’un des policiers me tirait la jambe. Il voulait savoir ce que j’avais sur moi, je leur ai dit plusieurs fois “ce sont des prothèses”. Ils ont insisté pour me fouiller. J’ai alors tout enlevé. Je me suis assis par terre pour leur montrer qu’ils avaient eu ce qu’ils voulaient. (…) Les policiers m’ont rendu mes affaires puis ils sont partis. Heureusement qu’il y avait des témoins pour m’aider sinon la police m’aurait laissé planté là, c’est ça le pire. Un passant m’a aidé à remettre mes affaires sur moi. Je me suis senti complètement humilié”, a-t-il raconté.
Une version contredite
Comme le révèle le Parisien qui a visionné la vidéo des caméras de surveillance de la gare de Lyon, les faits ne sont pas exactement ceux décrits par la victime. Cette dernière était contre une poubelle “dans laquelle elle semblait uriner”, quand trois policiers se sont approchés d'elle. L'homme, énervé, a alors sorti ses papiers avant d"‘avancer de manière agressive" vers les agents, affirme le quotidien. Un des policiers a alors posé sa main sur son bras droit afin de le maintenir à distance, avant de la retirer. Il s'est ensuite assis par terre, sans y être obligé par les fonctionnaires qui le contrôlaient. Pendant que les policiers remplissaient les papiers de l'amende pour avoir uriner dans l'espace public, l'homme a retiré ses prothèses. C'est au moment où les policiers se sont éloignés après le contrôle qu'un témoin de la scène s'est mis à filmer l'individu resté au sol.
Le Défenseur des droits a été saisi par le collectif Stop contrôle au faciès “concernant le contrôle d'identité à la Gare de Lyon” et il a “entamé l'instruction”, a indiqué Jacques Toubon sur Twitter mercredi 4 mai dans la soirée.
Le @Defenseurdroits a bien été saisi par @controlefacies concernant le contrôle d’identité à la Gare de Lyon et a entamé l’instruction.