Contagion

L’éloquence légendaire de Dominique de Villepin peut ébranler les plus fortes certitudes. Ses arguments antiguerre doivent être écoutés. C’est un fait que les interventions occidentales au Moyen-Orient, au total, débouchent sur un fiasco. La deuxième guerre d’Irak lancée par George Bush fut le péché originel : elle était fondée sur un mensonge - il n’y avait pas d’armes de destruction massives en Irak et Saddam Hussein n’était pour rien dans le 11 Septembre - et sur une illusion - elle a débouché non sur la contagion démocratique mais sur la contagion terroriste. Dans cette région les démocraties gagnent les guerres et perdent la paix. Ainsi personne ne peut se lancer dans ce nouveau conflit la fleur au fusil, ni croire que quelques bombardements suffiront à régler la question. On connaît le vieil adage militaire : on peut tout faire avec des baïonnettes, sauf s’asseoir dessus…

Mais doit-on laisser s’installer au cœur de cette poudrière une zone contrôlée par des fanatiques sanguinaires, érigée en califat, c’est-à-dire en Etat, qui servirait bientôt de base arrière à tous les terroristes de la galaxie islamiste, d’exemple pour tous les cinglés du jihad et menacerait aussi bien les pays voisins que les nations démocratiques ? D’autant que les Etats musulmans alentour, chiites ou sunnites, soutiennent ouvertement ou approuvent silencieusement l’intervention. Avant de menacer nos valeurs, l’Etat soi-disant islamique met en danger les musulmans partout dans le monde. Autrement dit, l’intervention de la coalition n’a rien d’une croisade et tout d’une opération de salut public.



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