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Les conservateurs partent favoris pour les législatives en Iran

LES CONSERVATEURS PARTENT FAVORIS POUR LES LÉGISLATIVES EN IRAN

par Parisa Hafezi

DUBAI (Reuters) - Le camp conservateur devrait sortir renforcé des élections législatives de vendredi en Iran et profiter de l'affaiblissement du gouvernement modéré sortant dont la cote de confiance au sein de la population s'est effritée après le rétablissement des sanctions américaines et l'accident d'un avion de ligne abattu par "erreur" par Téhéran.

Le scénario d'une victoire des conservateurs s'est consolidé ces derniers jours avec l'invalidation de près de 50% de candidats réformateurs et modérés (6.850 sur 14.000) par le Conseil des gardiens de la Constitution, dominé par les ultra-conservateurs, en vue du scrutin lors duquel les Iraniens sont appelés à élire leurs 290 députés.

Un bon score de la frange la plus dure du régime signerait la fin de la politique pragmatique menée ces dernières années par le président Hassan Rohani qui avait débouché sur la signature en 2015 d'un accord entre Téhéran et l'Occident, limitant le programme nucléaire de la République islamique.

Cet accord, qualifié d'historique à l'époque, a volé en éclats en 2018 avec la décision unilatérale du président américain Donald Trump de s'en retirer et de rétablir des sanctions économiques contre Téhéran, douchant les espoirs iraniens d'une amélioration du niveau de vie.

Les mesures d'austérité prises depuis par le gouvernement, notamment l'annonce d'une hausse du prix de l'essence, ont fait descendre dans la rue des milliers de personnes à l'automne - des manifestations violemment réprimées par les autorités qui auraient fait selon Amnesty International plus de 300 morts.

TAUX DE PARTICIPATION, CLEF DE L'ELECTION

En quatre ans, "de nombreux Iraniens (qui avaient voté pour Rohani) ont perdu tout espoir de réformes", estime un ancien responsable réformateur.

"Ils ne font plus confiance au mouvement réformiste. Ils veulent du changement et seulement du changement."

Face au risque d'un décrochage de son camp, le chef de l'Etat a exhorté la semaine dernière les quelque 58 millions d'électeurs iraniens à aller voter. "Je vous prie de ne pas être passifs, je vous demande de ne pas tourner le dos aux bureaux de vote", a-t-il déclaré.

Le taux de participation, qui pourrait s'élever à 60% vendredi contre 62% et 66% respectivement lors des élections de 2016 et de 2012, est l'une des clefs de ce scrutin, l'abstention profitant généralement aux candidats proches du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, véritable détenteur du pouvoir en Iran.

"Ses partisans croient en 'l'establishment' et ils iront voter parce qu'ils considèrent que c'est un devoir religieux", estime une source gouvernementale.

"Les conservateurs veulent la présidence", renchérit un responsable politique sous couvert d'anonymat, en référence à la prochaine échéance électorale prévue en 2021. "C'est la fin de la modération pour au moins dix ans, si ce n'est plus."

(version française Marine Pennetier, édité par Jean-Stéphane Brosse)