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Italie: L'adoption du projet de budget repoussée à mardi

Le gouvernement italien se réunit ce lundi pour adopter son projet de budget 2019, qui prévoit un net accroissement du déficit au risque de susciter les critiques de la Commission européenne. /Photo prise le 6 juin 2018/REUTERS/Tony Gentile

ROME (Reuters) - L'adoption par le conseil des ministres du projet de budget italien pour 2019 est repoussée à mardi, a annoncé Matteo Salvini, tandis que des sources gouvernementales font état de tensions entre le Mouvement 5 Etoiles (M5S) et la Ligue, les deux composantes de la coalition, sur les projets d'amnistie fiscale.

Une réunion du gouvernement prévue lundi soir est toutefois maintenue pour finaliser le projet de loi de finances, qui prévoit un net accroissement du déficit, et le transmettre à la Commission européenne.

Une réunion ministérielle restreinte à laquelle a participé notamment Matteo Salvini, vice-président du conseil et dirigeant de la Ligue, a eu lieu avant ce conseil des ministres.

L'autre vice-président du Conseil Luigi Di Maio, chef de file du M5S, n'a pas participé à cette réunion, alimentant les rumeurs sur des tensions avec la Ligue à propos des projets d'amnistie fiscale.

La coalition formée par le M5S et la Ligue, au pouvoir depuis juin, a d'ores et déjà dévoilé le cadre budgétaire de ces trois prochaines années, avec un déficit attendu pour l'année prochaine à 2,4% du produit intérieur brut (PIB).

Cet objectif est bien en deçà du plafond européen fixé à 3% du PIB mais marque un net accroissement comparé au 1,8% attendu cette année et à la trajectoire financière prévue par le précédent gouvernement.

L'Italie, comme les autres pays de la zone euro, doit transmettre ce lundi son projet de budget à la Commission pour évaluation et validation. L'exécutif européen pourra alors demander des explications, voire une modification du projet de loi de finances s'il ne le juge pas conforme aux règles européennes.

"CHANGEMENT DE VITESSE"

La Commission a déjà exprimé ses inquiétudes face aux nouveaux objectifs budgétaires italiens et à leurs effets sur une dette publique qui représente aujourd'hui 131% du PIB, un ratio sans équivalent dans la zone euro, hormis en Grèce.

Bruxelles ne croit pas les arguments du gouvernement italien, qui avance que la relance budgétaire permettra au final de réduire la dette en dopant la croissance.

Le président du Conseil Giuseppe Conte a expliqué dimanche que ce budget, le premier de la coalition, allait marquer "un changement de vitesse pour l'Italie".

Luigi Di Maio a prévenu vendredi que de nombreux aspects de la loi de finance restaient à régler.

Le ministre de l'Economie, Giovanni Tria, a annoncé la semaine dernière que le budget 2019 creuserait le déficit de 22 milliards d'euros en 2019 - avec une progression des dépenses et une réduction des impôts chiffrée à 37 milliards d'euros, partiellement compensée par des revenus supplémentaires et des baisses de dépenses dans certains secteurs estimés au total à 15 milliards de dollars.

Une dizaine de milliards devraient être consacrés à la mise en oeuvre du "revenu de citoyenneté", mesure-phare du programme électoral du Mouvement 5 Etoiles. Huit autres milliards devraient aller à la refonte de la loi sur les retraites, avec la promesse de permettre aux Italiens de faire valoir leurs droits un peu plus tôt qu'aujourd'hui.

Pour ce qui est la fiscalité, moins d'un milliard d'euros seront dévolus à la réduction des impôts pour les travailleurs indépendants, un projet soutenu en particulier par la Ligue.

(Gavin Jones, Giulia Segreti, Lisa Di Giuseppe, Angelo Amante, Giuseppe Fonte et Steve Scherer; Henri-Pierre André et Guy Kerivel pour le service français)