Le congrès des maires autour de David Lisnard va virer à la grande thérapie de groupe cette année

Le congrès des maires va virer à la grande thérapie de groupe cette année (photo d’illustration prise en 2019)
NurPhoto via Getty Images Le congrès des maires va virer à la grande thérapie de groupe cette année (photo d’illustration prise en 2019)

POLITIQUE - Parfois victimes de violences physiques, le plus souvent de menaces et d’injures de la part d’administrés de plus en plus intransigeants, les maires se retrouvent mardi 21 novembre à Paris pour débattre de leur quotidien et retrouver l’envie d’agir, face au sentiment d’impuissance qui les gagne. Comme une thérapie de groupe avec plus de 10.000 participants et 230 intervenants.

« Communes attaquées, République menacée » : le thème du 105e congrès de l’Association des maires de France (AMF) parle de lui-même, après la série d’agressions qui ont marqué l’année 2023, de l’incendie criminel au domicile du maire de Saint-Brévin (Loire-Atlantique) à l’attaque à la voiture-bélier qui a visé celui de son collègue de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) lors des émeutes de l’été.

Le déclenchement de la guerre Israël-Hamas le 7 octobre puis l’assassinat du professeur Dominique Bernard n’arrangent en rien ce climat déjà pesant. Selon le ministère de l’Intérieur, les agressions envers les élus sont passées de 2.265 l’an dernier à 2.387 au 12 novembre, ce qui devrait se traduire par une hausse de 15 % en 2023.

« La libération de la parole des maires »

Interrogée par l’AFP, la ministre chargée des Collectivités territoriales, Dominique Faure, explique cette hausse « par la libération de la parole des maires, qui signalent bien plus aujourd’hui la moindre atteinte » mais également par « le climat sociétal global, avec une année marquée par des moments de contestation, à l’image de la réforme des retraites ou des violences urbaines ».

L’heure n’est pas à l’optimisme. « Les dégradations dans les communes de 5 000 à 20 000 habitants ont augmenté de 38 % depuis 2017. Il y aura d’autres émeutes urbaines, on ne sait juste pas dire quand », souffle ainsi David Lisnard, le maire LR de Cannes et président de l’AMF dans un entretien au Parisien.

Depuis l’onde de choc provoquée par les événements à Saint-Brévin, le gouvernement multiplie les annonces pour mieux évaluer le phénomène et renforcer l’arsenal répressif. Mais sans toujours convaincre.

Une proposition de loi du Sénat adoptée début octobre aligne les sanctions pénales prévues en cas d’attaque contre un élu sur celles déjà prononcées lorsqu’elle vise une personne dépositaire de l’autorité publique. Un « guichet d’appui psychologique » pour les maires et leurs familles, ouvert 7 jours sur 7 et doté d’une ligne d’écoute, sera lancé lundi, annonce pour sa part Dominique Faure au JDD. Mais les attaques ne viennent pas seulement des administrés.

Un rythme de démission qui augmente de 30 %

Depuis des années, la puissante AMF ne cesse d’alerter sur une « recentralisation rampante » de l’État devenue aujourd’hui « galopante » et qui ôte tout pouvoir d’action aux élus.

Selon l’enquête Cevipof publiée dimanche dans Le Monde, le rythme des démissions de maires a augmenté de 30 % par rapport au mandat précédent, révélant une « fatigue républicaine ». « Nous sommes sous l’effet d’un double étouffement : administratif et financier », analyse André Laignel (PS), numéro 2 de l’AMF, citant en exemple les annonces de nouveaux plans faites « tous les 15 jours » par le gouvernement.

« Plan eau, plan vélo, plan chaleur, plan industrie verte, plan petite enfance », avec à chaque fois « des dépenses nouvelles pour les collectivités, sans que les moyens ne soient assortis », tonne André Laignel, pour qui les maires sont réduits à de simples « sous-traitants » de l’État.

Malgré le signal envoyé par l’État en augmentant deux années de suite sa principale dotation aux collectivités, l’AMF évalue à 7 milliards d’euros leur perte « de pouvoir d’agir » dans le projet de budget 2024, en raison notamment de l’absence de compensation de l’inflation. « L’autonomie financière est devenue une chimère totale. Quant à la libre-administration des collectivités, elle est en guenilles », déplore encore le bras droit de David Lisnard.

Emmanuel Macron aura l’occasion d’écouter ces griefs, lui qui devrait se rendre mercredi au « salon », où se trouvent les exposants, sans toutefois participer au congrès. André Laignel l’a ironiquement invité « à traverser la rue ».

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