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Congé paternité - Papa Plume : "J’ai eu le sentiment d’abandonner ma famille"

Congé paternité - Papa Plume : "J’ai eu le sentiment d’abandonner ma famille"

Onze petits jours, week-ends et jours fériés inclus pour profiter de son nouveau-né. Voici ce que prévoit les lois en vigueur pour les pères français. Une aberration pour Alexandre, créateur du blog Papa Plume et auteur d’une lettre pour dénoncer cette “absurdité ”.

Papa Plume. Derrière ce pseudo au nom poétique se cache Alexandre. Devenu père pour la première fois il y a 14 mois, ce passionné de littérature a choisi de raconter dans un blog son “aventure de papa” de façon romancée mais sans jamais trahir son vécu.

Sa première visite avec Ambre pour admirer la cathédrale Notre-Dame deux jours avant qu’elle ne s’embrase, sa première matinée seule avec sa fille et les galères qui en découlent, son coup de gueule contre la durée du congé paternité… Tous les sujets y passent. Ils sont des milliers à suivre les péripéties de ce père de 32 ans et de sa famille sur les réseaux sociaux.

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[ Lettre d’un papa aux gens qui font les lois ] 11 jours. Savez-vous Mesdames et Messieurs les Ministres qui font les lois, à quoi ressemblent un bébé et une maman, 11 jours après l’accouchement ? Peut-être l’avez-vous vécu vous-mêmes, et vous reste- t-il quelques bribes de souvenirs. Ce sont deux pétales de rose : un rien les illumine, les émeut, les bouleverse, mais un rien également peut les déchirer. Le rôle du papa est de faire en sorte que ce déchirement n’arrive pas. C’est un jardinier attentif et délicat. À longueur d’interviews, de plateaux télévisés, de communiqués de presse, vous nous parlez d’égalité homme-femme, de parité et de plafond de verre à briser. Pour un papa qui reprend le travail au bout de 11 jours, et pour une maman laissée seule au bout de 11 jours, ces mots sonnent creux. Il n’y aura jamais, absolument jamais d’égalité homme-femme, tant que vous ne changerez pas radicalement la durée du congé paternité. Tant que vous ferez peser la responsabilité des premières semaines du bébé sur les seules épaules de la maman, fragilisée émotionnellement et physiquement. Tant que vous condamnerez le père à n’être qu’un assistant à temps partiel, héritage archaïque et honteux des vieux modèles patriarcaux. Le papa d’aujourd’hui veut s’impliquer. Être présent pour changer les couches, donner le biberon ou aider pour l’allaitement, faire le ménage et la vaisselle pendant que maman se repose. Le papa d’aujourd’hui veut partager, de manière parfaitement équitable, le travail qu’impose l’arrivée d’un nouveau membre dans la famille. Le papa d’aujourd’hui veut être fier de son pays, de ses lois, de son engagement pour une égalité réelle et assumée. Mesdames, Messieurs les Ministres, donnez-lui cette chance. NB : Et s’il vous plaît, ne me parlez pas du congé parental rémunéré moins que le RSA... . . #egalitehommefemme #congeparental #papaengagé #viedeparents #viedepapa

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Une colère à 2 millions de vues !

Je cherchais un fil conducteur à mon écriture. Lorsque je suis devenu père, j’ai voulu commencer un blog sur ma nouvelle vie avec un aspect littéraire“, explique le trentenaire. En fin d’année dernière, l’un de ses messages, relayé par le Huffington Post sur le congé paternité, a été lu plus de deux millions de fois. Dans cette missive, il peste contre les 11 petits jours accordés aux pères au moment de la naissance d’un enfant et ces “gens qui font les lois”. À noter que le congé de naissance permet, lui, de prendre trois jours ouvrables supplémentaires avant ou après le congé paternité.

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Alexandre l’avoue : il n’avait pas mesuré l’incongruité de la chose avant de connaître les joies de la paternité. “Tant qu’on n’est pas dedans, on ne sait pas, on ne se rend pas compte”, admet-il. Aujourd’hui, il sait parfaitement que dans les 11 jours octroyés, les week-ends et jours fériés sont comptabilisés.

“Sortir la femme de sa position de mère nourricière”

“J’ai dû poser mon vendredi pour avoir deux semaines complètes, c’est absurde” car le père n’est “pas du tout prêt” à laisser la maman et son nouveau-né après seulement 11 jours. Ce retour au travail précoce, Alexandre avoue l’avoir extrêmement mal vécu : “J’ai eu le sentiment d’abandonner ma famille”.

Employé à l’international pour LVMH, Alexandre pense que le père a un rôle primordial à jouer dès les premiers instants notamment pour aider la mère “à se remettre de l’accouchement.” “C’est hyper-important que les parents soient là dès les premiers jours. C’est aussi un moyen d’accéder à une meilleure égalité entre les hommes et les femmes dans le domaine. Il faut sortir la femme de sa position de mère nourricière”, précise-t-il.

Le congé pat’, un outil contre les inégalités

Un constat largement partagé par Alix Bayle, membre cofondatrice du collectif pour une PArentalité Féministe (PA.F). À l’origine d’une pétition en 2018 pour aligner le congé paternité au congé maternité (16 semaines), le PA.F considère l’allongement du congé paternité comme une “revendication féministe”. ”Il est un outil de l’égalité entre les hommes et les femmes dans le monde du travail”, ajoute-t-elle.

Car aujourd’hui encore les vieux réflexes patriarcaux demeurent et les inégalités ont la vie dure notamment dans le monde du travail. Pour de nombreux employeurs, embaucher une femme représente un risque plus élevé et une source de frais potentiels. “Il n’est pas juste que seules les femmes portent le risque de parentalité”, déplore la cofondatrice du PA.F.

Allonger le congé paternité présente plusieurs avantages pour le collectif féministe. Il permet de donner les mêmes chances aux pères et aux mères dès les premiers instants de la vie de bébé. En résumé, cela permettrait aux pères “d’être là au moment où les mères apprennent” et d’être sur un pied d’égalité.

“Le congé paternité est absolument nécessaire pour l’égalité entre les hommes et les femmes au sein des foyers. C’est aussi un moyen de désaliéner les hommes du travail. La vie de père peut aussi être valorisante et épanouissante”, conclut Alix. Ce n’est sûrement pas Papa Plume qui dira le contraire.

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