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Congé menstruel : deux tiers des Françaises y sont favorables

Menstrual pain. Sad woman with abdominal cramps or pms symptoms. Female critical day problems. Vector illustration in flat cartoon style.
Svetlana Larshina / Getty Images/iStockphoto Menstrual pain. Sad woman with abdominal cramps or pms symptoms. Female critical day problems. Vector illustration in flat cartoon style.

RÈGLES - L’idée de la mise en place d’un congé menstruel au sein des entreprises fait progressivement son chemin. Selon un sondage Ifop pour le fabricant de coupes menstruelles Eve-And-Co, sur « Les difficultés à vivre ses règles au travail et l’attrait des salariées pour le congé menstruel », dévoilé ce jeudi 6 octobre, 66 % des salariées y sont favorables et 64 % des interviewées n’hésiteraient pas à y avoir recours.

Pour 66 % de l’échantillon, une entreprise proposant de tels congés serait même plus attrayante à leurs yeux. Ces chiffres font écho au pourcentage de salariées subissant des règles douloureuses (53 %).

L’enquête, menée auprès d’un échantillon national représentatif de 993 femmes âgées de 15 ans et plus, rappelle aussi qu’en France, seule une poignée d’entreprises offrent aux personnes menstruées la possibilité de poser des jours de repos lorsqu’elles souffrent pendant leurs règles. Dans le monde, quelques pays ont déjà sauté le pas en l’inscrivant dans la loi : il est notamment autorisé en Zambie, au Japon et en Indonésie. En Europe, l’Espagne se démarque avec un projet déposé en mai dernier.

Les règles affectent le travail de millions de salariées 

Si, en France, cette mesure rencontre l’approbation d’une large majorité de salariées, c’est parce qu’elle répond à un besoin. « Ce congé est considéré comme une solution qui peut compenser les moments de faiblesse et les réelles difficultés liés aux menstruations, notamment par celles qui sont, ou ont été, victimes de moqueries, ainsi que par les femmes dont les règles sont très douloureuses », explique Louise Jussian, chargée d’études au pôle « Politique / Actualités » de l’IFOP.

Les douleurs liées aux règles affectent, en effet, le travail 35 % des salariées interviewées, ce qui représente potentiellement des millions de femmes. L’étude souligne aussi qu’une large majorité de personnes menstruées (65 %) ont déjà rencontré des difficultés de divers ordres dans l’entreprise durant les règles (difficultés à se concentrer, à se tenir debout, à accéder aux toilettes pour changer une protection hygiénique, à rester assise, à effectuer des déplacements professionnels, à suivre une réunion…). Les manageuses sont particulièrement concernées (74 %).

Les moqueries et les remarques désobligeantes de la part d’un manager ou d’un collègue pendant cette période sont d’autres facteurs. Une salariée sur cinq (21 %) affirme en avoir déjà été victime. Ces chiffres diffèrent en fonction du secteur d’activité. Les femmes travaillant dans des secteurs à forte dominance masculine - l’industrie (37 %) et le bâtiment (36 %) - sont plus exposées que celles évoluant dans d’autres secteurs.

Les règles, un sujet encore tabou 

D’autres enseignements ressortent de ce sondage : l’invisibilité et le tabou autour des règles. Le sujet reste, en effet, difficile à aborder en entreprise. 92 % des femmes assurent d’ailleurs n’avoir jamais parlé des règles avec leur responsable hiérarchique masculin et 72 % des sondées confient qu’elles ne pourraient pas le faire. Aborder ce sujet avec un supérieur de sexe féminin ne semble pas beaucoup plus simple puisque 80 % des sondées confient n’avoir jamais osé. L’échange entre collègues est sensiblement plus fluide : seules 54 % des interviewées n’ont jamais évoqué le sujet avec des collègues féminines. 32 % affirment qu’elles pourraient néanmoins le faire.

Cette étude nous permet de comprendre ce qui empêcherait les femmes d’avoir recours au congé menstruel. 39 % des salariées appréhendent le regard de leurs collègues, de leurs managers ou de leurs clients. Plus de la moitié des femmes (53 %) redoutent la remise en question de leur parole. Ce sentiment est plus prononcé chez les ouvrières (70 %).

Enfin, une donnée tempère l’engouement pour le congé maternité. Un nombre important de salariées (82 %) redoute en effet qu’il soit un frein à l’embauche des femmes ou un obstacle à leur évolution professionnelle .

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