Conflans: l'ado mis en examen et la collégienne qui a dénoncé Samuel Paty se connaissaient

Devant le collège où enseignait Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine, le 19 octobre 2020  - Anne-Christine POUJOULAT © 2019 AFP
Devant le collège où enseignait Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine, le 19 octobre 2020 - Anne-Christine POUJOULAT © 2019 AFP

L'enquête sur l'assassinat de Samuel Paty se poursuit, et il est désormais acquis que la jeune fille dont le père a dénoncé le professeur d'histoire-géographie sur les réseaux sociaux et l'adolescent payé par le terroriste pour l'aider à identifier la victime le jour de l'attaque se sont parlé avant le drame.

Selon nos informations, la jeune fille, qui a dénoncé le professeur d'histoire-géographie auprès de ses parents pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet lors d'un cours, a échangé les jours précédant l'assassinat de Samuel Paty avec l'adolescent mis en examen pour avoir accepté l'argent du terroriste. Les deux collégiens se connaissent depuis l'enfance et sont amis.

"C'est comme une soeur pour moi", a expliqué l'adolescent aux policiers lors de sa garde à vue.

Les deux adolescents sont amis

Le jeune homme dit avoir questionné son amie sur la messagerie d'un réseau social pour savoir si le professeur d'histoire-géographie avait réellement montré des caricatures du prophète Mahomet mais s'il avait aussi demandé aux élèves musulmans de sortir de classe à ce moment-là, comme elle le racontait. Il a également partagé sur son compte Snapchat la vidéo du père de cette dernière qui appelait à la mobilisation contre l'enseignant, donnant son identité et l'adresse du collège du Bois d'Aulne.

Le père de cette jeune fille a été mis en examen pour "complicité d'assassinat terroriste" et "association de malfaiteurs terroristes". Un "lien de causalité" est établi entre les agissements de ce père et la mort du professeur. L'adolescent est lui aussi poursuivi des mêmes chefs. L'enquête a permis de déterminer que la collégienne n'avait pas assisté au cours de Samuel Paty et avait été exclue de l'établissement, non pas à cause de ce cours comme elle l'a affirmé, mais pour des problèmes de discipline récurrents.

Partage de connexion avec le terroriste

Lors de sa garde à vue, l'adolescent a par ailleurs affirmé aux policiers ne pas connaître le terroriste et n'avoir jamais communiqué avec lui les jours qui ont précédé l'assassinat. Il assure avoir rencontré Abdullakh Anzorov le jour de l'attaque, en début d'après-midi, lorsque celui-ci est venu lui proposer entre 300 et 350 euros s'il lui montrait Samuel Paty à la sortie de l'établissement.

Le collégien de 14 ans, mis en examen et placé sous contrôle judiciaire, a reconnu que devant le collège il avait procédé à un partage de connexion entre son téléphone et celui du terroriste, dont il assure qu'il ne connaissait pas le projet. Il n'a pas expliqué aux policiers pourquoi il avait fait ce partage, un système qui permet à un téléphone de profiter de la connexion internet d'un autre appareil. Il a également communiqué à Abdullakh Anzorov ses identifiants pour la messagerie Telegram.

Après l'attaque, le jeune homme dit avoir paniqué et avoir effacé de nombreux contenus sur ses réseaux sociaux. "Il commence à toucher du doigt l'horreur dont il est indirectement responsable. Il commence à réaliser ce qu'il a engendré", expliquait son avocat après la mise en examen de son client qui a affirmé qu'il n'avait aucune idée de l'intention de tuer de l'assaillant.

Article original publié sur BFMTV.com