Non, un confinement n'est pas prévu en France en février à cause du virus MPVh

La Chine fait face à une augmentation des cas de maladies respiratoires causées par un virus semblable à celui de la grippe, le MPVh, suscitant l'inquiétude cinq ans après le début de la pandémie de Covid-19. Dans ce contexte, certains internautes affirment qu'un "confinement provisoire" a été annoncé en France pour le mois de février. Mais c'est faux: ces publications reprennent le contenu d'un compte Tiktok parodique. Par ailleurs, les experts se montrent rassurants concernant le MPVh, soulignant que la situation n’a rien de comparable à celle du coronavirus. 

Cinq ans après l’apparition du Covid-19 à Wuhan, une nouvelle alerte sanitaire agite les réseaux sociaux en ce début d’année 2025. Cette fois, il s’agit du métapneumovirus humain (HMPV ou MPVh), un virus respiratoire dont les cas augmentent, notamment dans le nord de la Chine.

Ce virus provoque généralement une infection bénigne des voies respiratoires supérieures. Il se transmet par contact direct entre personnes ou après avoir touché une surface contaminée. Les symptômes courants comprennent une toux, une fièvre ou un écoulement nasal, des symptômes très similaires à ceux de nombreux types de rhume et de grippe.

Ces derniers jours, des images montrant des patients masqués affluant dans les services d’urgence en Chine ont circulé massivement sur les réseaux sociaux. Si ces scènes sont fréquentes en hiver en raison des virus saisonniers, elles ont suscité des inquiétudes jusqu'en France.

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Certains internautes font le parallèle entre ce virus et le Covid-19, affirmant que la population devra se confiner dans quelques semaines.

"Emmanuel Macron annonce un reconfinement dès le 5 février 2025 à cause du virus HMPV", peut-on ainsi lire dans la description d'une vidéo partagée sur TikTok le 10 janvier.

<span>Capture d'écran réalisée sur Tiktok le 13 janvier 2025.</span>
Capture d'écran réalisée sur Tiktok le 13 janvier 2025.

D’autres publications assurent que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) "a activé son plus haut niveau d’alerte mondial" et que "les Français doivent se préparer au pire".

Ces vidéos, vues des centaines de milliers de fois et massivement partagées, se sont rapidement propagées sur d’autres plateformes comme Facebook et X, ainsi qu'en arabe  et en anglais.

<span>Capture d'écran réalisée sur Tiktok le 13 janvier 2025.</span>
Capture d'écran réalisée sur Tiktok le 13 janvier 2025.

"C'est une blague?", "Et ça recommence", peut-on lire de nombreuses fois en commentaire de ces publications. Pourtant, ces affirmations sont totalement infondées. Ni l'OMS ni le gouvernement français n'ont fait de telles annonces.

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Dans une note publiée le 7 janvier 2025, l'OMS a affirmé qu’il n’y avait "pas lieu de s’alarmer face à la récente augmentation des cas de maladies respiratoires causées par le HMPV en Chine". Contrairement aux rumeurs, l’organisation n’a pas activé son plus haut niveau d’alerte, comme elle l’avait fait au début de la pandémie de Covid-19.

Une source satirique à l'origine des rumeurs

Une grande partie des vidéos TikTok sont accompagnées du même audio, qui affirme: "Le gouvernement se serait réuni pour une commission exceptionnelle de dernière minute afin de préparer le pays à une potentielle contamination. Pour le président Macron il est impensable de revivre l'épisode Covid une seconde fois, a déclaré le Premier ministre François Bayrou". Ce contenu provient d’un compte nommé "P News", qui revendique un parti-pris "satirique" et "parodique".

<span>Capture d'écran réalisée sur Tiktok le 13 janvier 2025 avec ajouts d'encadrés colorés par l'AFP.</span><div><span>Dounia MAHIEDDINE</span></div>
Capture d'écran réalisée sur Tiktok le 13 janvier 2025 avec ajouts d'encadrés colorés par l'AFP.
Dounia MAHIEDDINE

La vidéo originale, qui a cumulé plus de 884.000 vues en quelques jours, se termine par une mention explicite : "Abonnez-vous pour plus de désinformations".

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Sur TikTok, des comptes se présentant comme des médias d'actualités amassent des dizaines de milliers d'abonnés. Ils imitent pour la plupart l'identité graphique de médias classiques puis véhiculent de la désinformation, visant avant tout à récolter un maximum de partages, comme l'a déjà expliqué l'AFP ici.

Le MPVH, un virus identifié en 2001

Les autorités chinoises, qui ont reconnu une hausse des cas de HMPV, ont souligné qu'elle correspondait aux tendances saisonnières habituelles des infections respiratoires en hiver, insistant par ailleurs sur le fait que la situation actuelle diffère de celle de la pandémie que le monde a connu il y a cinq ans.

À la différence du Covid-19, en effet, le HMPV est un virus bien connu, rappelle l'OMS.

En effet, le coronavirus était inconnu lorsqu'il a émergé chez l'homme à la fin de l'année 2019. La population n'y avait jamais été exposée et n'était pas immunisée, augmentant le risque de complications.

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A l'inverse, le MPVh a été découvert pour la première fois en 2001. Il circule donc depuis longtemps, ce qui implique un certain niveau d'immunité.  Le virus "fait partie du cocktail de virus auquel nous sommes exposés chaque hiver", indique John Tregoning, professeur d'immunologie vaccinale à l'Imperial College de Londres.

Les conseils de santé publique pour le MPVh sont similaires à ceux pour la grippe, poursuit-il.  En cas d'infection, il faut "se reposer, boire et éviter de le transmettre à d'autres", précise le spécialiste.  "Bien ventiler les espaces, se couvrir la bouche en toussant, ou se laver les mains" limitent les risques d'infection, ajoute-t-il.

"Quasiment chaque enfant comptera au moins une infection au MPVh avant son cinquième anniversaire", affirme Paul Hunter, professeur de médecine à l'Université d'East Anglia, au Royaume-Uni.

Et de nombreuses personnes seront contaminées plusieurs fois au cours de leur vie, dit-il.

La santé fait souvent l'objet d'affirmations fausses ou trompeuses, l'AFP publie régulièrement des articles de vérification que vous pouvez retrouver ici ou ici.