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Confinement : l’alcool augmente-t-il le risque de violences ?

Le contexte de confinement expose les victimes de violences conjugales à une situation pire qu’à l’habitude. Sans période de répit, elles sont littéralement enfermées avec leurs bourreaux. Une situation qui empêche de s’isoler pour téléphoner ou consulter internet, et appeler à l’aide. Les associations impliquées ont d’ailleurs lancé un cri d’alerte et réclamé un plan d’urgence. Mais quelle est l’incidence de la consommation d’alcool dans la survenue de ces violences ?

Impulsivité et désinhibition

Comme le rappelle le site belge aide-alcool.be*, l’alcool désinhibe. Ce qui provoque une impulsivité incontrôlée. Pour cette raison, « la personne pourra avoir plus facilement tendance à se mettre en colère et à réagir de manière agressive. (…) D’autre part, sous l’influence de l’alcool, la personne pensera moins aux conséquences à long terme, ce qui peut favoriser des comportements impulsifs ou agressifs ». Mais bien sûr, la personnalité de l’individu joue un rôle dans la survenue d’un accès de violence sous l’effet de l’alcool.

La consommation d’alcool par un conjoint violent pourra donc avoir pour conséquence le déclenchement des violences. Sans oublier que le confinement peut augmenter le stress de chacun et donc les réactions erratiques des plus brutaux.

Faut-il interdire l’accès à l’alcool ?

Dans le but de prévenir les violences conjugales, le préfet de l’Aisne avait décidé ce 24 mars d’interdire la vente d’alcool. Pourtant, quelques heures plus tard, il s’est rétracté, sur les conseils des associations de lutte contre les addictions. En effet, « si les actes violents sont souvent associées à la consommation d’alcool, le fait d’empêcher l’accès à une substance addictive expose aussi le risque de violences», explique le Dr Jean-Pierre Couteron, porte-parole de la Fédération française d’Addictologie.

Ainsi, « outre les effets biologiques du manque chez les personnes dépendantes, l’impression qu’on va en être privé provoque un craving puissant ». Ce craving, qui correspond à un besoin maladif, une «soif d’alcool», est un phénomène largement « rattaché au stress », précise-t-il. Résultat, une grande détresse peut être ressentie, augmentant les probabilités de comportement agressif.

« Il est évident qu’il faut lutter contre les violences conjugales, mais ce n’est pas en empêchant simplement l’accès à l’alcool que l’on y parviendra », estime-t-il. Rappelons que malgré le confinement, toute victime de violences a le droit de sortir pour chercher de l’aide. Si vous êtes concernée ou connaissez quelqu’un dans ce cas, contactez le 39 19 ou contacter la police au 17.

*l’association Le Pélican à Bruxelles et le Centre ALFA à Liège (aide liégeoise aux alcooliques, aux toxicomanes et à leur famille)