Condamné à détruire sa cabane, il se bat contre la France pour pouvoir vivre dans son arbre

Xavier Marmier sur la terrasse de sa cabane, en 2015 (Photo by SEBASTIEN BOZON / AFP)
Xavier Marmier sur la terrasse de sa cabane, en 2015 (Photo by SEBASTIEN BOZON / AFP)

Depuis 2008, Xavier Marmier vit dans la cabane qu’il a bâtie au coeur d’une forêt du Doubs. Aujourd’hui menacée de destruction, il a saisi la Cour européenne des droits de l'Homme pour sauver sa maison.

L’histoire débute en 2008. Alors qu’il vient d’acheter une parcelle boisée dans la forêt de Cléron (Doubs), Xavier Marmier entame la construction d’une cabane. À l’époque, il se lance dans l’aventure “avec l’accord tacite du maire”, selon ses mots relayés par La Dépêche, et réalise ainsi “un rêve d’enfant”. Mais le rêve vire au cauchemar quand un nouveau maire est élu en 2014. Ce dernier demande à Xavier Marmier de déposer un permis de construire pour régulariser sa situation, permis aussitôt refusé par la mairie. Le combat commence.

La maison dans le ciel

Il ne s’agit alors plus d’une bataille pour une simple cabane, mais pour la sauvegarde d’un lieu de vie. Car Xavier Marmier vit au quotidien avec sa compagne dans sa maison dans les arbres, accrochée à un grand hêtre. D’une superficie de 40 m2, l’eau est fournie par la récupération des eaux de pluie, l’électricité par des panneaux solaires et la chaleur par un poêle à bois. Suite au refus de permis de construire, le nouveau maire de Cléron saisit d’abord le tribunal de grande instance de Besançon. Mais alors que le TGI se prononce en faveur du grimpeur-élagueur de 50 ans, la commune fait appel et obtient gain de cause. En dernière instance, le pourvoi formé par le défendeur est rejeté par la Cour de cassation : Xavier Marmier doit détruire son oeuvre, considérée comme son habitation principale et située en zone Natura 2000.

Du rêve d’enfant à la désobéissance civile ?

Sauf que, comme pour la réalisation de son “rêve d’enfant”, Xavier Marmier fait preuve de ténacité. Fin juin, il saisit la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) afin de contester la décision judiciaire française. Le recours à la CEDH s’appuie sur l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui protège le droit de toute personne au respect “de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance”. Elise Gheidene, juriste auprès de Me Randall Schwerdorffer qui assure la défense de Xavier Marmier, explique la démarche : “C’est l’ultime recours, car toutes les voies de droit internes sont éteintes. Cette maison reste une cabane dans les arbres, en harmonie avec la nature, pas du tout la construction classique d’une maison en béton”. Suffisant pour convaincre la juridiction européenne ?

Une histoire qui n’est pas sans rappeler le choix du philosophe Henry David Thoreau qui, en 1845, s’est retiré pour vivre dans une cabane dans les bois. Il tirera de son expérience le récit Walden ou la vie dans les bois et, surtout, le concept de désobéissance civile.