Condamnation pour une agression sexuelle prescrite: "C'est important d'être cru", témoigne la victime

Malgré la prescription des faits d'agressions sexuelles dont il a été victime dans les années 1990, Jérémy Garamond a obtenu réparation de son préjudice devant une juridiction civile.  - BFMTV
Malgré la prescription des faits d'agressions sexuelles dont il a été victime dans les années 1990, Jérémy Garamond a obtenu réparation de son préjudice devant une juridiction civile. - BFMTV

Ouvrir la voie à d'autres pour être reconnu en tant que victime. C'est l'objectif de Jérémy Garamond, 46 ans, victime de violences sexuelles lorsqu'il était mineur. En 2018, il entame des démarches judiciaires contre l'homme qu'il accuse, José Bruneau de la Salle, une figure du monde hippique. Mais les faits que Jérémy Garamond dénonce remontent à plus de 30 ans et sont prescrits aux yeux de la loi.

Privé de justice pénale, Jérémy Garamond décide de se tourner vers la juridiction civile et d'attaquer José Bruneau de la Salle sur les dommages corporels infligés. Dans ce domaine, pas de peine de prison mais la possibilité d'obtenir une réparation financière du préjudice subi. Une bataille remportée par Jérémy Garamond avec une décision qui devrait faire jurisprudence. C'est la première fois que des violences sexuelles prescrites au pénal sont condamnées devant le tribunal civil.

"Il y a un sentiment de fierté et de satisfaction, pas tant pour moi, mais pour d'autres victimes" qui pourront peut-être à leur tour voir leur statut reconnu devant la justice, explique Jérémy Garamond sur le plateau de BFMTV.

"Être cru et soutenu"

Et d'ajouter: "L'enjeu était qu'un statut de victime soit accordé. C'est important d'être cru et soutenu", explique-t-il, affirmant avoir longtemps "souffert de la considération qui a été donnée à cette histoire dans [s]on cercle proche". Jérémy Garamond attendait également qu'une forme de culpabilité soit reconnue par la justice afin de pouvoir se reconstruire.

"Il y a trois mois, je dînais au restaurant avec une amie quand j'ai vu arriver mon agresseur. C'était improbable. Il m'a vu, m'a souri et s'est assis trois tables plus loin. J'ai dû abréger le dîner", se souvient-il, "entre colère et tristesse".

"Il a continué son repas paisiblement et moi je me suis auto-puni, ce n'est pas normal", estime Jérémy Garamond qui considère que la décision de justice a depuis "réparé un certain nombre de choses".

Indemnisation reversée à une association

José Bruneau de la Salle a été condamné à verser plusieurs milliers d'euros à Jérémy Garamond. Le montant de ce dédommagement doit encore être déterminé mais le quadragénaire l'assure, "l'intégralité de la somme sera reversée à une association" de lutte contre les violences sexuelles.

Une instruction est par ailleurs en cours contre José Bruneau de la Salle pour des faits dénoncés par une autre victime et cette fois-ci non prescrits. Grégory Pieux, le fils du célèbre jockey Christophe Pieux, a porté plainte en 2018 pour des agressions sexuelles alors qu'il n'était pas majeur.

Article original publié sur BFMTV.com