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"Des conclusions qui sont siennes et non miennes": l'historien Simon Epstein s'agace d'être instrumentalisé par Éric Zemmour

Poster d'Éric Zemmour déchiré à Paris, le 20 octobre 2021. (PHOTO D'ILLUSTRATION) - Joel Saget / AFP
Poster d'Éric Zemmour déchiré à Paris, le 20 octobre 2021. (PHOTO D'ILLUSTRATION) - Joel Saget / AFP

Éric Zemmour a "le sens de la formule" et "ne pratique pas la nuance". Souvent cité par le polémiste d'extrême-droite, l'historien Simon Epstein signe une tribune mardi 2 novembre dans la revue antifasciste Le Droit de Vivre. Il lui reproche de lui attribuer "des conclusions qui sont siennes et non pas miennes".

"Il vol­tige avec aisance entre le vrai et le faux, avec une prédilection marquée pour l’excessif et pour le faux. Il est pro­digue en documentation mais n’est pas poin­tilleux – c’est un euphé­misme – dans l’usage qu’il en fait", tance le professeur et chercheur à l'université hébraïque de Jérusalem.

Régulièrement, Éric Zemmour, qui alimente le doute quant à sa participation à l'élection présidentielle de 2022, cite l'historien pour appuyer ses propos. Simon Epstein considère qu'il "brandit" souvent son nom "pour énoncer quel­que chose que je n’ai pas écrit comme il le dit, ou pis encore, que je n’ai pas écrit du tout".

Le polémiste et les "fake news" historiques

Éric Zemmour est régulièrement décrié par des historiens. Fin septembre, Laurent Joly évoquait une "totale fake news" après que le polémiste a dit que "Vichy a protégé les Juifs français et donné les Juifs étrangers". Or, Simon Epstein, qu'il cite souvent, n'avait jamais réagi à ses propos.

Il fait à présent sa mise au point. L'un des livres souvent cité par le polémiste s'intitule "Un paradoxe français. Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance". En préface de l'ouvrage publié en 2008, Simon Epstein écrivait comme une prémonition: "il plaira aux racistes d’extrême droite: je ne les aime pas (car je suis Juif) et ils ne m’aiment pas (pour la même raison)".

Si le spécialiste de l'antisémitisme et du racisme décide de réagir maintenant, c'est parce qu'il s'inquiète "de la place qu’il tiendra, et qu’il tient sans doute déjà, dans la lon­gue et tumul­tueuse histoire des Juifs de ce pays".

Zemmour, "aux lisières de l'ultradroite néonazie"

"Ses petites phrases sur Dreyfus (qui, à ses yeux, n’était pas vrai­ment inno­cent) ont une mauvaise odeur de moisi. Son apologie de Pétain (qui, selon lui, n’était pas vraiment cou­pab­­le) le localise dans l’extrême-droite post-vichyssoi­se. Elle le positionne aux lisières (qu’il ne fran­chit pas, car Juif, il y serait mal reçu) de l’ultradroite néonazie", analyse le chercheur.

Ce n'est pas la première fois que lecture que fait le polémiste d'extrême-droite de l'histoire de France est critiquée. Dimanche dernier, la candidate PS à la présidentielle Anne Hidalgo l'a accusé "de bafouer et de marcher complètement, de piétiner ce qui est l'histoire de notre pays, ce qui est sa grandeur et ce que sont ses valeurs".

Fin septembre, le président du MoDem François Bayroux estimait quant à lui qu'Éric Zemmour allait "chercher dans l'histoire de France ce qu'il y a de plus malsain, honteux, ignominieux" pour le "défendre".

Article original publié sur BFMTV.com