Concerts, théâtres... Il n’y a pas que les cinémas qui en bavent

Interior of empty theater, piano at center stage, elevated view
Ivan Hunter / Getty Images Interior of empty theater, piano at center stage, elevated view

Ivan Hunter / Getty Images

La fréquentation des salles de concert n’a pas retrouvé son niveau d’avant Covid. (Photo d’illustration)

CULTURE - L’été est passé. Le mois de septembre, lui, est déjà bien entamé. Et force est de constater que les cinémas français ne se sont toujours pas relevés, comme en témoignent les derniers chiffres de fréquentation dévoilés par le CNC : 14,06 millions d’entrées en juillet et 10,66 millions en août, soit entre 25 % à 30 % de moins par rapport à 2019, année qui précède la pandémie de Covid-19.

Depuis plusieurs mois, le sort des salles obscures inquiète et interroge les médias, dont Le HuffPost qui a dédié à cette problématique un dossier tout au long de l’été (et que vous pouvez retrouver ici). Où les Français regardent-ils désormais les films ? Quels facteurs les empêchent-ils de revenir ? Est-ce le coût (parfois exorbitant) d’une place, l’offre ou les inquiétudes qu’a laissées en nous l’épidémie ?

Ces questions méritent d’être analysées. Cependant, elles ne devraient pas éclipser le fait que les autres établissements culturels, comme les salles de spectacle ont, elles aussi, beaucoup de mal à remonter la pente depuis leur réouverture. Et ce, malgré la levée des restrictions en février dernier, comme la fin des jauges ou la reprise des concerts debout.

Une baisse de 40%

Les théâtres privés parisiens ont vu, par exemple, leur fréquentation chuter de 40 % la saison dernière en raison de la crise sanitaire, apprend-on à la fin du mois d’août 2022. « On s’est aperçu qu’il y a une vraie rupture dans la mentalité des gens » , a précisé Bertrand Thamin, président du Syndicat national du théâtre privé, en marge d’une conférence de presse.

D’après une étude de Médiaméttrie avec l’Association pour le soutien du théâtre privé, publiée dans Le Monde en juillet, 53 % des Français ont assisté à un spectacle vivant au cours des douze derniers mois. Cela englobe les concerts, le théâtre, mais aussi le cirque, les comédies musicales ou un one-(wo)man-show. Ceci étant, cette même étude précise que 71 % des personnes sondées vont moins au théâtre depuis leur réouverture et 48 % ont complètement arrêté.

Bertrand Thamin ajoute, lui, que « de tout temps, c’était compliqué de faire venir les spectateurs au théâtre, c’était un combat, mais là c’est un combat de haute lutte. » En cause, selon lui, l’inflation. Comme le relève cette même enquête de Médiamétrie, la question du pouvoir d’achat entre en jeu : le prix des places, jugé trop cher, est la raison première du désaveu.

Faut-il baisser les prix ? Pour certains théâtres, la réponse est ailleurs. Il s’agirait davantage d’avancer l’heure des représentations pour renouveler le public. « À Paris, on lève le rideau trop tard. Il y a pas mal de théâtres maintenant qui rapprochent le lever de rideau à 19 heures, voire 20 heures, remarque Bertrand Thamin. On a constaté qu’on s’est complètement coupé de toute la clientèle de banlieue. Quand on lève le rideau à 21 heures et qu’on termine à 23 heures, les gens ne veulent pas se retrouver dans des trains. »

Des concerts à géométrie variable

20 heures, c’est souvent l’heure à laquelle sont programmés les concerts. Là aussi, pourtant, le soleil n’est pas au beau fixe. Alors qu’en mai, on apprenait que les taux de remplissage repartaient à la hausse, la réalité est un peu différente et varie selon la taille des salles.

D’après le tourneur et producteur français Christophe Davy, interrogé par Le Télégramme, il faut distinguer trois niveaux. « Les concerts clubs de nouveaux artistes, avec des capacités entre 200 et 300 personnes, c’est plutôt bien et pour les grosses têtes d’affiche, on a l’impression que ça se passe bien », constate-t-il. La rapidité à laquelle des artistes comme Damso ou Juliette Armanet ont affiché complet peuvent en témoigner. Cependant, « pour les salles de moyenne capacité entre 800 et 2 500 places, par rapport à mes objectifs, c’est du moins 30 %, voire moins 40 % comparé à avant la pandémie », regrette-t-il.

Côté festivals, le bilan n’est pas exceptionnel. Le printemps de Bourges, qui chaque année lance la saison, n’a pas fait le plein en 2022. Même son de cloche pour La Route du rock (13 200 entrées), malgré ses têtes d’affiche pointues. La Fête de l’Huma, dont les prix sont abordables, déplore, elle, une perte de 100 000 festivaliers par rapport à « l’avant Covid ».

Des pratiques différentes

Les temps ont changé. Les pratiques des spectateurs, aussi. Au micro de France Musique, la directrice de l’Opéra national de Montpellier, Valérie Chevalier, explique que les places se vendent de plus en plus à la dernière minute. « Avant, la sortie à l’opéra, on l’anticipait, soutient-elle. Aujourd’hui, presque même jusqu’au jour J, on peut d’un seul coup récupérer 250-300 spectateurs. » Cela concernait, avant ça, entre 50 et 100 spectateurs seulement.

Autre constat : on serait moins curieux et plus du genre à se tourner vers ce qu’on connaît. « On s’aperçoit quand même que les gens choisissent plutôt des spectacles ou des propositions assez référentes », analyse Michel Orier, directeur de la musique et de la création de l’agenda de Radio France.

Cette saison, il s’est donné comme mission de diversifier davantage l’offre et de proposer des artistes plus connus afin d’attirer in fine un public plus large. Des cinémas aux théâtres, en passant par les salles de concert, c’est tout l’écosystème du spectacle qui, en cette rentrée, tente de remonter sur les planches.

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