"Elle a compris qu'elle allait s'abîmer": les dessous de l'accord Borne-Attal pour la tête de Renaissance

"C'est un deal qui nous soulage tous". C'est par ces mots qu'un cadre de Renaissance salue l'accord bouclé ce mardi 29 octobre en fin de journée par Gabriel Attal et Élisabeth Borne. En lice pour récupérer la tête du parti présidentiel, bientôt laissé vacant par Stéphane Séjourné en partance pour la Commission européenne, l'ex-Première ministre a accepté de renoncer à sa candidature annoncée en août dernier. De quoi laisser le champ libre à son successeur qui a officialisé la sienne.

À la manoeuvre des négociations, le député Franck Riester et le député Guillaume Gouffier-Valente qui salue auprès de BFMTV.com "un rassemblement qui permet de tous se mettre dans la même dynamique".

"Une campagne interne peut être très cruelle"

Gabriel Attal a manifestement lui-même mis la forme en rencontrant à "5 ou 6 reprises" sa prédécesseure comme l'explique l'un de ses proches. Mais Élisabeth Borne avait-t-elle vraiment eu le choix? Au regard des retours dans les fédérations, ses chances de victoires apparaissaient relativement limitées face à Gabriel Attal, très apprécié des militants.

"Je pense qu'elle a compris à un moment qu'elle allait s'abîmer, qu'une campagne interne pouvait être très cruelle et qu'il fallait mieux pour elle se retirer", juge un membre du bureau exécutif.

"Des gens en interne qui pourront donner d'autres points de vue"

En guise d'argument pour la convaincre: la création sur mesure du poste de présidente du Conseil national de parti. Le titre et son intitulé obscur ne seraient en rien un lot de consolation analyse l'une de ses proches qui y voit une "belle porte de sortie".

"C'est un accord équilibré où on aura à la fois une vraie incarnation à la présidence du mouvement et des gens en interne qui pourront donner d'autres points", résume auprès de BFMTV.com Ambroise Méjean, le président des Jeunes avec Macron.

La mission va permettre à celle qui est redevenue députée du Calvados de gérer le "Parlement" du parti qui regroupe les 150 cadres du parti et qui définissent les grandes orientations de Renaissance.

Échec sur le non-cumul

Autre levier que va pouvoir activer Élisabeth Borne: pouvoir désigner un quart des membres de la Commission nationale d'investiture, chargée de nommer les futurs candidats aux municipales.

"On n'a jamais été très bon sur ce sujet-là. On peut espérer que ça change avec des profils peut-être un peu plus ancrés dans les territoires qui se chargeraient de trouver les bons visages pour ces élections", espère l'ex-président de l'Assemblée François de Rugy, membre du bureau exécutif de Renaissance.

L'ancienne cheffe du gouvernement est cependant loin d'avoir eu de gain de cause sur un point clef pour elle: le non-cumul par Gabriel Attal de ses fonctions de président de groupe à l'Assemblée et de futur président de parti.

"Il aura à prendre une décision", a lancé Élisabeth Borne sur LCP ce mardi soir avant d'en remettre en couche sur RTL ce mercredi matin, lui demandant de "faire ses choix au moment venu".

Dans le camp du patron des députés macronistes, on réfute entièrement l'hypothèse. "Ce n'est un sujet pour personne. On ne lui en parle jamais ni dans les fédérations ni parmi les députés", tance l'un de ses proches.

"Ne pas donner tous les pouvoirs à une seule personne"

Il faut dire que dans un contexte politique très compliqué pour la macronie, qui oscille entre agacement vis-à-vis de Michel Barnier et frustration, Gabriel Attal a le mérite de garantir une relative unité des députés.

"On n'a pas beaucoup de stabilité en ce moment dans la vie politique. Gardons au moins celle du président de groupe", plaide encore un député proche de l'ancien chef du gouvernement.

"Il y a beaucoup de talents chez nous, des hommes et des femmes de qualité qui sont capables de gérer", plaide de son côté le député Guillaume Gouffier-Valente, proche d'Élisabeth Borne.

"Il ne faut pas non plus donner l'impression qu'on donne tous les pouvoirs à une seule personne. Ça peut devenir compliqué à un moment quand même", remarque encore un député, plutôt neutre dans la compétition entre les deux figures Renaissance.

"D'autres chats à fouetter"

Au point d'ouvrir la voie à une candidature de l'ex-Première ministre envisagée un temps à l'été dernier pour devenir la présidente des députés du camp présidentiel? "Je ne vais pas du tout prendre la tête du groupe", a déjà assuré Élisabeth Borne.

"Ce sont les députés qui ont entre leurs mains ce dossier. S'ils disent non à ce cumul, Attal devra renoncer", décrypte un poids lourd des députés macronistes.

"La chance d'Attal, c'est qu'on risque d'avoir vraiment d'autres chats à fouetter" ces prochains mois juge l'élu.

Entre un budget dont l'atterrisage politique s'avère très délicat et une future loi immigration qui divise déja en interne, Gabriel Attal semble bien avoir le champ libre.

Article original publié sur BFMTV.com