Commission européenne : Avant Thierry Breton, Macron a déjà connu le camouflet Sylvie Goulard
POLITIQUE - Bon baisers de Bruxelles. Thierry Breton a créé la stupeur ce lundi 16 septembre à Bruxelles, au sein des institutions européennes, en annonçant avec fracas se retirer de la course aux commissaires européens. Cela au beau milieu des tractations pour former la nouvelle équipe entourant Ursula von der Leyen.
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Officiellement candidat d’Emmanuel Macron, le commissaire européen au marché intérieur affirme dans une lettre adressée à la présidente de la Commission, et publiée sur les réseaux sociaux, que la cheffe de l’exécutif européen a « demandé à la France de retirer (s)on nom ». Ceci, « pour des raisons personnelles qu’en aucun cas vous n’avez discutées directement avec moi », ajoute-t-il.
Derrière ce renoncement - forcé, selon Thierry Breton - il s’agit d’un camouflet certain pour le président français, désormais contraint de proposer un autre profil… Avec le risque qu’il soit moins puissant à Bruxelles. Une situation qui n’est pas sans rappeler 2019, et le premier choix d’Emmanuel Macron en la matière.
Le raté de Sylvie Goulard
En 2019, la candidate désignée par le locataire de l’Élysée n’avait pas réussi la course de haies européenne. Sylvie Goulard, première et éphémère ministre des Armées d’Emmanuel Macron - exfiltrée du gouvernement un mois après sa nomination, en juin 2017 suite à l’apparition de son nom dans l’affaire des assistants du MoDem - devait hériter d’un portefeuille majeur, regroupant le marché intérieur, l’industrie, la défense, l’espace, le numérique et la culture.
Raté. Proposée par Emmanuel Macron et validée par Ursula von der Leyen, la proche de François Bayrou avait alors été retoquée dans les grandes largeurs par le Parlement européen (82 voix contre, 29 pour), en octobre. Question de probité, selon les députés des différentes commissions. Quelques mois plus tard, Sylvie Goulard était mise en examen pour détournement de fonds publics et emplois fictifs, soupçonnée (comme d’autres au MoDem) d’avoir rémunéré sur des fonds européens un emploi fictif d’un de ses assistants. Elle a depuis bénéficié d’un non-lieu.
Courroucé, Emmanuel Macron n’avait pas caché son aigreur après le refus des parlementaires européens. Il avait même pointé du doigt le rôle de la droite allemande dans cette première : jamais un candidat proposé par la France pour les postes de commissaires européens n’avait subi une telle sentance à Bruxelles. « Je me suis battu pour un portefeuille, j’ai soumis trois noms. On m’a dit : “Votre nom est formidable, on le prend” et puis on me dit finalement : “On n’en veut plus” », avait alors réagi le locataire de l’Élysée, expliquant vouloir « comprendre ce qui s’est joué de ressentiment, peut-être de petitesse. »
Séjourné pour remplacer le remuant Breton
Cinq ans plus tard, la situation semble quelque peu différente autour de Thierry Breton. Le chef d’entreprise, ancien ministre sous Jacques Chirac, devenu depuis 2019 figure centrale de l’exécutif européen, semble payer ses mauvaises relations avec Ursula von der Leyen.
Le commissaire français a plusieurs fois ferraillé contre la présidente de la Commission, critiquant notamment sa gouvernance. Fin janvier il a par exemple publiquement mis en cause son éthique après la nomination d’un émissaire chargé des petites et moyennes entreprises, un poste hautement rémunéré au sein de la Commission. Le poste avait été attribué à l’eurodéputé allemand du Parti populaire européen (droite) Markus Pieper, quelques semaines avant un congrès à Bucarest début mars au cours duquel le PPE avait apporté son soutien à un second mandat d’Ursula von der Leyen.
Quelques mois plus tôt, en juillet 2023, Thierry Breton avait déjà bataillé contre la commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager. Après une vive polémique, il avait poussé la Danoise à renoncer au recrutement d’une Américaine à un poste clé pour la régulation du numérique en Europe. Le tout, en égratignant Ursula von der Leyen qui avait approuvé ce choix.
Emmanuel Macron, qui le soutenait dans cette offensive, a désormais choisi Stéphane Séjourné comme candidat à la commission. Son portefeuille pourrait être « centré sur les enjeux de souveraineté industrielle, technologique et de compétitivité européenne » précise l’Elysée dans un communiqué. Pour cela, le ministre démissionnaire des Affaires étrangères doit encore valider plusieurs étapes.
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