Commerce et PMI européens plombent les Bourses mondiales

par Laetitia Volga

PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue en nette baisse et les Bourses européennes s'enfoncent dans le rouge jeudi à mi-séance en réaction à l'intensification des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine et à des indicateurs décevants qui alimentent les craintes de ralentissement de l'économie mondiale.

Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse entre 0,9% et 1,2%.

À Paris, le CAC 40 perd 1,46% à 5.300,36 vers 11h40 GMT. À Francfort, le Dax cède 1,46% et à Londres, le FTSE lâche 1,31%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 recule de 1,27%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 1,4% et le Stoxx 600 de 1,18%.

Les investisseurs craignent qui la confrontation commerciale entre les Etats-Unis et la Chine se focalise sur le secteur technologique.

Le groupe Huawei est confronté au gel des livraisons de plusieurs de ses fournisseurs après l'annonce par les Etats-Unis d'un décret le plaçant sur une liste noire, une situation susceptible d'affecter la production des futurs smartphones du groupe chinois.

Le japonais Panasonic s'est ajouté à la liste des entreprises, qui, comme le concepteur de puces britannique ARM, ont décidé de limiter voire arrêter leurs approvisionnements au groupe chinois.

Le porte-parole du ministère du Commerce chinois a déclaré de son côté que les Etats-Unis devaient corriger leurs erreurs s'ils souhaitaient reprendre les discussions.

Ce regain de tensions commerciales nourrit les inquiétudes sur la croissance économique mondiale. L'Allemagne, première économie de la zone euro, a connu en mai un recul de l'activité aussi bien dans les services que dans le secteur manufacturier.

Pour l'ensemble de la zone euro, les indices PMI "flash" n'ont pas été plus encourageants puisque la croissance dans le secteur privé s'est légèrement accélérée au mois de mai mais pas autant qu'attendu.

A ce tableau négatif, viennent s'ajouter les difficultés politiques que rencontre Theresa May sur le Brexit. Citant des alliés de la Première ministre, le quotidien The Times écrit qu'elle annoncera la date de sa démission vendredi.

Dans ce contexte, la publication du compte rendu de la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) du 10 avril n'a guère ému les investisseurs, même s'ils semblent que les responsables de l'institution se montrent de moins en moins confiants dans l'économie de la zone euro.

Les opérateurs de marché suivront encore, à 12h30 GMT, l'annonce aux Etats-Unis des inscriptions hebdomadaires au chômage puis à 14h00 GMT des ventes de logements du mois d'avril.

LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET

Les valeurs américaines de monde de la high tech devraient être logiquement les premières lésées par la recrudescence des tensions entre Washington et Pékin, qui ciblent désormais les groupes technologiques.

Les titres Alibaba, JD.com et Baidu perdent entre 2,5% et 3%.

VALEURS EN EUROPE

En Europe, la tendance est similaire puisque l'indice Stoxx de la technologie cède 1,84%. La plus forte baisse sectorielle revient toutefois à l'automobile: -2,89%, sa plus forte baisse en une séance depuis début février.

STMicroelectronics (-3,57%) est en queue de peloton du CAC. Faurecia, Continental et Valeo perdent entre 2,8% et 3,5%. Daimler, qui se traite ex-dividende, chute de 6,85%.

Les cotations de Casino et de sa maison-mère Rallye ont été suspendues dans l'attente d'une probable annonce sur une restructuration de la dette de la cascade de holdings du groupe de distribution. Le titre Casino a été arrêté sur un repli de 6,40 % à 27,90 euros, à un plus bas depuis septembre 2018.

TAUX L'aversion pour les actifs risqués attire les investisseurs sur le marché obligataire où les rendements d'Etat sont en repli. Le 10 allemand perd trois points de base, sous -0,1%, un plus bas d'une semaine après les indices PMI "flash" européens et l'indice Ifo.

Le rendement des Treasuries à dix ans cède quatre points de base à 2,352% contre 2,393% la veille. Il est tombé en séance à 2,347%, un creux de deux mois.

Le rendement des Gilt à 10 ans évolue lui aussi à un plus bas de deux mois, autour de 0,985%.

CHANGES

Les tensions commerciales profitent aux devises jugées les moins risquées, notamment le yen (+0,23%) et le franc suisse (+0,13%).

L'"indice dollar", qui mesure ses fluctuations face à un panier de devises de référence, est en hausse de 0,15%, au plus haut depuis près d'un mois, et l'euro recule à 1,1135 dollar.

De son côté, le sterling a touché un plus bas depuis janvier face au dollar, à 1,2603, en raison des interrogations sur le sort de la Première ministre britannique.

La livre pourrait toucher son plus bas niveau depuis la crise financière en cas de Brexit sans accord, selon UBS Wealth Management. La division gestion de fortune d'UBS estime qu'elle tomberait à 97 pence pour un euro, tout près de la parité, ce qui serait au plus bas depuis décembre 2008.

Face au dollar, UBS voit la livre tomber à 1,15 dollar, à son plus bas niveau depuis le "flash crash" d'octobre 2016.

BNP Paribas, de son côté, a relevé de 20% à 40% son estimation de la probabilité d'une sortie de l'UE sans accord.

PÉTROLE

Les cours du pétrole poursuivent leur baisse à la suite de la hausse inattendue des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine dernière, venue s'ajouter aux craintes de baisse de la demande.

Le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) perd encore 1,56% à 60,46 dollars le baril, après avoir reculé de 2,71% la veille, et le Brent cède 1,65% sous 70 dollars, après un repli de 1,65% mercredi.

MÉTAUX

Les cours du cuivre sont en baisse pour la cinquième séance de suite alors que l'aggravation des tensions sur le commerce pourrait nuire à la croissance économique et à la demande de métaux industriels.

(Avec Juliette Rouillon, édité par Blandine Hénault)