Publicité

Commerce et géopolitique pèsent en Europe, les minières délaissées

par Laetitia Volga

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes évoluent en baisse jeudi dans la matinée, affaiblies par un contexte géopolitique tendu et des interrogations sur le commerce sino-américain auxquelles s'ajoute un indicateur chinois décevant qui pèse sur les valeurs minières.

À Paris, l'indice CAC 40 perd 0,05% à 5.222,91 points vers 9h45 GMT. À Francfort, le Dax recule de 0,1% et à Londres, le FTSE abandonne 0,75%.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro est pratiquement inchangé (+0,03%), le FTSEurofirst 300 perd 0,35% et le Stoxx 600 cède 0,28%.

Les principaux indices européens ont déjà perdu entre 0,3% et 0,6% mercredi en réaction aux déclarations de représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer, pour qui les Etats-Unis et la Chine sont encore loin d'un accord permettant la fin au conflit commercial "le plus grave" que Washington ait eu à affronter.

"Les commentaires de Lighthizer ont un peu calmé les espoirs grandissants de résolution commerciale, les actions sont soumises à une pression à la baisse", a déclaré Masahiro Ichikawa, chargé de stratégie senior chez Sumitomo Mitsui Asset Management.

Dans un autre dossier, le sommet de Hanoï s'est conclu sans accord car le numéro un nord-coréen, Kim Jong Un, a réclamé une levée totale dès à présent des sanctions internationales visant son pays du fait de ses activités nucléaires et balistiques, a annoncé jeudi Donald Trump lors de sa conférence de presse.

"On n'espérait pas que le sommet aboutisse à des accords concrets mais la plupart [des investisseurs] s'attendait à ce que les deux dirigeants mettent fin au sommet sur une poignée de main. Les marchés réagissent donc aux gros titres", a déclaré Shusuke Yamada, responsable de la stratégie changes chez BAML.

Le sentiment global des marchés est également assombri par la situation géopolitique tendue entre l'Inde et le Pakistan, qui a annoncé mercredi avoir abattu deux chasseurs de l'armée de l'air indienne.

Par ailleurs, le dernier indicateur PMI officiel en Chine n'a pas été de nature à rassurer: l'activité manufacturière chinoise s'est contractée en février pour tomber à un plus bas de trois ans, les commandes à l'exportation ayant chuté à leur rythme le plus rapide depuis la crise financière.

VALEURS

L'action Engie signe la plus forte baisse du CAC 40 (-3,02%), le fournisseur de gaz et de l'électricité ayant annoncé un nouveau plan à l'occasion de la publication de ses résultats annuels.

A l'inverse, la plus forte progression d'indice phare de la Bourse parisienne revient à Vivendi (+2,83%). Selon plusieurs sources, le groupe américain spécialisé dans les rachats d'entreprise KKR et le chinois Tencent Music Entertainment étudient des offres rivales sur jusqu'à 50% du capital d'Universal Music Group, dont Vivendi entend céder une partie.

Egalement en hausse, Carrefour prend 2,08%, après avoir pris jusqu'à 3% dans les premiers échanges, le distributeur ayant redressé la barre en 2018 et affiché sa confiance dans son plan stratégique en relevant certains de ses objectifs.

Les deux plus fortes hausses du Stoxx 600 reviennent à Zalando (+17,99%) et à Altran (+12%) à l'issue de leur publication annuelle bien accueillies.

A la Bourse de Bruxelles, AB InBev gagne 4,95% après ses résultats annuels, permettant au secteur des boissons de prendre 0,46%.

Adecco perd 4,78% après avoir publié une perte trimestrielle inattendue et Rolls-Royce cède 2,34% en raison de son retrait de la course pour équiper le futur avion de milieu de gamme de Boeing.

Hors résultats, Sunrise recule de 8,71% après avoir annoncé le rachat de la filiale helvétique de Liberty Global pour un montant total de 6,3 milliards de francs (5,5 milliards d'euros), dettes incluses.

La baisse du cuivre, et d'autres métaux industriels comme le zinc, en réaction à un indice PMI manufacturier chinois décevant pèse sur l'indice des ressources de base, en repli de 1,87%. Rio Tinto, Antofagasta> et BHP perdent entre 2% et 2,7%.

EN ASIE

Au Japon, les indices Nikkei et Topix ont fini en baisse de 0,79%, rattrapés eux aussi par les craintes sur le commerce. La tendance a également pénalisé par la publication du plus fort déclin de la production industrielle en janvier depuis un an, un nouveau signe alarmant de l'impact du conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine sur l'activité de l'économie japonaise.

Les Bourses chinoises ont également fini en territoire négatif après la publication de l'indice PMI manufacturier: le CSI des grandes capitalisations a perdu 0,2% et l'indice composite de la Bourse de Shanghai a cédé 0,4%.

A WALL STREET

La Bourse de New York a fini sur une note faible mercredi mais bien au-dessus de ses plus bas du jour, le marché ayant repris confiance après les déclarations sans réelle surprise au Congrès du président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, du représentant au Commerce, Robert Lighthizer, et de l'ex-avocat de Donald Trump Michael Cohen. [.NFR]

Le Dow Jones a perdu 0,28%, l'indice élargi Standard & Poor's 500 a cédé 0,05% et le Nasdaq a progressé de 0,07%.

CHANGES

Le dollar recule un peu après avoir grimpé la veille face à un panier de devises, profitant de son statut de valeur refuge dans un contexte marqué par des craintes géopolitiques entre l'Inde et le Pakistan et les doutes sur le commerce sino-américain.

L'euro en profite pour gagner 0,15% face au billet vert, à 1,1390.

La livre sterling se stabilise pour sa part autour de 1,33 dollar, après un pic la veille de plus de sept mois à 1,3349 dans la perspective d'un report du Brexit.

Goldman Sachs a relevé jeudi de 50% à 55% la probabilité d'une extension de l'article 50, qui permettrait de reporter la date de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, et a réduit de 15% à 10% la probabilité d'un Brexit sans accord.

TAUX

Le rendement des Treasuries à dix ans recule à 2,673% après avoir frôlé les 2,7% mercredi, un mouvement jugé paradoxal alors que Jerome Powell a encore une fois insisté sur la "patience" concernant les futures hausses de taux lors de sa deuxième audition devant le Congrès.

Le marché surveillera la parution, à 13h30 GMT, de la première estimation du PIB américain au quatrième trimestre: l'économie des Etats-Unis a probablement ralenti sur la période, affectée par de moindres dépenses de consommation et la faiblesse des exportations.

Les économistes interrogés par Reuters tablent sur une croissance de 2,3% en rythme annualisé sur le dernier trimestre de 2018.

En Europe, le 10 ans allemand évolue au-dessus de 0,15%. La tendance pourrait réagir aux chiffres de la première estimation de l'inflation en Allemagne, à 13h00 GMT.

PÉTROLE

Les prix du brut sont en baisse, pénalisés par des indicateurs chinois et japonais inférieurs aux attentes et par l'annonce mercredi par l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) d'une production américaine record de 12,1 millions de bpj la semaine dernière.

Le contrat avril sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) recule à 56,5 dollar. Le Brent tombe sous 66 dollars le baril.

METAUX

Le cours du cuivre recule à Londres, pénalisé par la contraction de l'activité manufactière chinoise, renforçant les craintes d'un ralentissement prononcé de la deuxième économie mondiale.

(Édité par Blandine Hénault)