Publicité

Le comique Jimmy Morales élu président, une histoire pas si drôle pour le Guatemala

Les Etats-Unis et les Philippines ont eu pour président des acteurs : Ronald Reagan et Joseph Estrada. Haïti a porté au pouvoir un chanteur, Michel Martelly. Mais un clown, personne n’avait osé. Jimmy Morales, qui a remporté haut la main dimanche l’élection présidentielle au Guatemala, s’est fait connaître de ses compatriotes grâce au show télé Moralejas («moralités»), aux gags bas de gamme pleins de gays très Cage aux folles et de Noirs parlant petit nègre. Et surtout avec le personnage de Neto, péquenot moustachu, naïf mais généreux. Dans une de ses aventures tournée pour le cinéma, Neto était même élu président !

Mais Jimmy Morales, 46 ans, ne vient ni du monde paysan ni du Guatemala indigène. Ce ladino (métis) issu des classes moyennes a étudié la gestion d’entreprises et la théologie protestante. Il devient ainsi l’un des très rares présidents non catholiques dans l’histoire de l’Amérique latine.

Annoncée au printemps, sa candidature n’a pas été prise au sérieux. Mais elle est intervenue au moment où la société se mobilisait contre un scandale de corruption qui touchait le pouvoir. Le réveil citoyen a abouti en août à la démission et à l’emprisonnement du président en fonction, Otto Pérez Molina. Nouveau en politique, Morales a alors raflé la mise.

Son slogan le proclame, «ni voleur ni corrompu», mais le profil du nouvel élu a de quoi inquiéter. Le parti qui le soutient a été créé en 2004 par des militaires, soucieux d’échapper à d’éventuelles poursuites pour les massacres d’Indiens mayas dans les années 70 et 80. L’ONU avance un chiffre de 200 000 morts et parle de génocide, un mot que Morales se refuse à employer. Il est, en outre, partisan de la peine de mort pour combattre la délinquance. Et tient le discours habituel des ultrareligieux : ni avortement ni mariage gay.

Sur un plateau télé, interrogé sur la légitimité pour un comique à entrer en politique, il répliquait : «La comédie fait partie de la culture. J’en veux pour preuve la Divine Comédie de Dante.» (...) Lire la suite sur Liberation.fr

«En Slovénie, nous sommes traités comme des animaux»
Les Kosovars chassés pour faire place aux Syriens
Crise migratoire : «C’est ainsi que naissent les conflits»
Humanité et réalisme
Après son coming out, le prêtre gay accuse le pape de faire vivre «un enfer» aux homosexuels