Le combat des exilés russes en France pour rapatrier leurs proches afin d'éviter la mobilisation

Le combat des exilés russes en France pour rapatrier leurs proches afin d'éviter la mobilisation

Des milliers de citoyens russes tentent de quitter le pays afin d'éviter une mobilisation qui, selon certains médias, pourrait aller bien au-delà des 300.000 hommes annoncés par le Kremlin.

Depuis l'allocution de Vladimir Poutine annonçant la mobilisation partielle des réservistes pour être envoyés sur le front en Ukraine, tout le pays est secoué. Plusieurs manifestations ont éclaté à travers la Russie et de nombreuses personnes cherchent à quitter le pays pour éviter la mobilisation. Mais un problème se pose: pour aller où ?

Katia, rencontrée par BFMTV, est arrivée en France au mois de juin pour fuir le régime de Vladimir Poutine. Elle est venue avec son fils grâce à un visa humanitaire. Son mari, lui, est resté à Moscou pour continuer à gagner de l’argent pour faire vivre la famille. Depuis trois jours, il est techniquement "mobilisable" par l’armée russe.

"C'est impossible (qu'il y aille). On a différentes possibilités pour éviter d’aller à la guerre, comme par exemple se tirer une balle dans le pied ou aller en prison. Donc pour rien au monde il irait tuer des Ukrainiens, parce qu’en plus nous avons beaucoup d’amis en Ukraine", explique Katia à notre micro.

Tous les vols pris d'assaut

L’option privilégiée par son mari pour le moment est donc la fuite. Toutefois, sortir de Russie est de plus en plus compliqué. Toute la journée, Katia tente de trouver un moyen. Mais, explique-t-elle, les billets d'avion sont désormais pris d'assaut et donc hors de prix: entre 7 et 10.000 euros pour aller à Dubaï

Tous les vols sont complets pour l'Arménie, la Turquie ou la Géorgie. Une situation similaire pour les bus et les trains.

"On va essayer de partir lundi en voiture. La Biélorussie, ça me parait impossible, ça sera pareil qu’ici. On va essayer par l'Estonie ou la Lettonie. Pour moi c’est inacceptable de rester", explique au téléphone le mari de Katia.

"Je suis contre le fait de faire la guerre à un pays voisin, je m’oppose à l’occupation de l’Ukraine et au massacre de ses habitants", ajoute-t-il.

Les pays européens divisés

Pour ceux qui arrivent à quitter la Russie, se pose évidemment la question du visa. L’Allemagne a annoncé ce jeudi qu’elle offrirait l’asile aux déserteurs russes. À l'inverse, la Finlande et la Lettonie leur ont fermé leurs frontières. Les pays européens sont pour le moment en ordre dispersé sur la question.

En France, la ministre des Affaires étrangères a botté en touche. "Nous allons en discuter avec les institutions européennes. Bien évidemment il faut répondre aux besoins d’une grande majorité de la population russe en leur permettant d’exprimer leur vision des choses, de quitter la Russie et de venir à nous", a-t-elle affirmé en marge de l'Assemblée générale des Nations unies.

"Nous travaillons dans ce sens", a-t-elle conclu.

"Ceux qui essaient quand même de partir sont arrêtés par la police"

Katia vit avec d’autres exilés dont Yana. Cette dernière a quatre frères, entre 19 et 28 ans, qui vivent dans des petites villes à l’Est de la Sibérie. Tous sont mobilisables. Elle espère donc également que la France les accueille mais elle est consciente qu'il leur sera extrêmement difficile de sortir de Russie.

"Les jeunes hommes ne peuvent pas acheter des tickets de bus, on ne leur vend pas. Et ceux qui essaient quand même de partir sont arrêtés par la police", explique-t-elle à notre micro.

Selon le site d'investigation russe Meduza, 1,2 million de Russes pourraient être enrôlés dans l'armée dans les prochaines semaines.

Article original publié sur BFMTV.com

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