Cologne: la maire autorise l'appel à la prière tous les vendredis dans les 35 mosquées de la ville

La mosquée centrale récemment construite dans le quartier d'Ehrenfeld à Cologne.
 - OLIVER BERG / DPA / AFP
La mosquée centrale récemment construite dans le quartier d'Ehrenfeld à Cologne. - OLIVER BERG / DPA / AFP

"Un signe de respect" envers la communauté musulmane. C'est de cette manière que la maire de Cologne, Henriette Reker a annoncé que les appels à la prière des musulmans seraient désormais autorisés tous les vendredis depuis les 35 mosquées que compte la ville allemande.

Cette initiative, très encadrée, devrait d'abord durer 2 ans, en guise d'expérimentation. Les muezzins de Cologne pourront appeler leurs fidèles entre midi et 15 heures le vendredi, pendant cinq minutes maximum, et en ayant informé les habitants du quartier au préalable par courrier ou affichage. Un interlocuteur sera également désigné par chaque mosquée pour faire remonter d'éventuelles plaintes du voisinage.

Liberté religieuse et diversité

La mise en place de l'appel à la prière à Cologne pourrait donc connaître plusieurs ajustements au cours de sa mise en place. Mais elle semble déjà assez bien acceptée par la population, comme dans le quartier de la Grande mosquée de la ville.

"Je suis pour la liberté des religions... Entendre les cloches sonner. Pour moi, c'est la même chose que d'entendre le muezzin chanter", assure une habitante au micro d'Europe 1.

Une ligne qui défend le pluralisme des cultes, et sur lequel la maire de la ville Henriette Reker compte également s'appuyer pour justifier sa décision.

"Cologne est la ville de la liberté (religieuse) et de la diversité. Ceux qui arrivent à la gare principale sont accueillis par la cathédrale et accompagnés des cloches de l'église", a écrit l'élue sur Twitter. "De nombreux habitants de Cologne sont musulmans", la population de la ville étant en effet composée de 12% de musulmans.

Pas une première en Allemagne

La décision de la mairie de Cologne a été reçue très différemment par les médias allemands. Comme l'a souligné Marianne, le quotidien Tagesspiegel estime que "les musulmans ont aussi droit à la liberté religieuse" et fait à son tour le parallèle avec les cloches d'église.

Mais le quotidien le plus diffusé d'Allemagne, Bild, n'est pas franchement du même avis. Le journal considère même de son côté dans un édito que la mairie doit "reconsidérer sa décision".

"Cologne ne fait aucune faveur aux musulmans modérés avec la permission de l'appel du muezzin. Au contraire: il les poignarde dans le dos parce qu'il ne donne du pouvoir qu'aux islamistes", peut-on y lire.

Et si cette décision fait réagir outre-Rhin, elle n'est pourtant pas inédite dans le pays. Une trentaine de communes allemandes autorisent déjà les appels à la prière. Dürren a été la première a lancer le mouvement dans les années 1980, suivie par Dortmund ou encore Brême.

Le Tribunal constitutionnel allemand avait autorisé de façon générale les appels à la prière sur l'ensemble du pays. La spécificité de l'expérience à Cologne réside en réalité dans la désignation d'un interlocuteur pour chaque mosquée, ce qui constitue une première.

Article original publié sur BFMTV.com