En colère et “reléguée au rôle d’opposition impuissante”, la gauche descend dans la rue

Quarante-huit heures à peine après la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, le sentiment de “malaise” persiste, observe le journal Le Temps. L’installation d’un homme de droite avec l’aval tacite de l’extrême droite, à rebours de l’esprit des résultats sortis des urnes le soir du 7 juillet dernier, laisse résolument “un drôle de goût”, insiste le quotidien suisse. “Idéologiquement, la nomination de Michel Barnier donne une impression de continuité totale, dans la droite ligne d’un macronisme qui se droitisait au fil des ans, que ce soit sur les questions économiques ou sécuritaires”, analyse le journaliste Paul Ackermann. Par cette décision, le locataire de l’Élysée a envoyé le message “d’une gauche reléguée à un rôle d’opposition impuissante alors qu’elle était sortie par surprise en tête du nombre de députés”.

“En choisissant l’option qui menace le moins ses réformes passées, comme celle des retraites, pourtant visée par une majorité d’électeurs, il donne l’impression de mépriser une grande partie des demandes de la population et conforte ceux qui sont tombés dans la colère et le dégagisme.”

Convaincues d’assister à “un vol du résultat des élections”, plusieurs milliers de personnes ont défilé samedi 7 septembre dans quelque 150 localités françaises, à l’appel des formations du Nouveau Front Populaire (moins le Parti socialiste), rapporte la radio télévision irlandaise RTE. La coalition de gauche, arrivée en tête des législatives avec 193 députés (à une centaine de sièges de la majorité absolue) “est plus que furieuse”, souligne la BBC, à Londres. “Que Macron ait ignoré le fait que leur bloc soit arrivé en tête, puis qu’il ait retoqué leur candidature commune à Matignon”, note le média public britannique. “Et la majorité des Français semble se trouver sur la même longueur.”

Vers un automne du mécontentement ?

D’après un sondage Elabe largement relayé par la presse étrangère, 74 % des personnes interrogées estiment ainsi que le locataire de l’Élysée “n’a pas respecté le résultat du vote”. “La situation pourrait déboucher sur un automne de manifestations si Michel Barnier ne parvient pas à bâtir un exécutif de concorde”, prévient El País, de l’autre côté des Pyrénées. Selon le quotidien madrilène, classé à gauche, Emmanuel Macron attendrait désormais la dislocation du Parti socialiste, traversée par de profondes divergences stratégiques, avant de faire entrer son aile droite au gouvernement. Mais pour l’heure, indique le journaliste Daniel Verdú, le Premier secrétaire Olivier Faure “compte parmi les voix les plus vindicatives au sujet de Macron” et assure que son groupe parlementaire votera la censure.

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