La cocaïne était utilisée en Europe dès le XVIIᵉ siècle

“La matière grise momifiée de deux personnes retrouvées dans une crypte du XVIIe siècle à Milan (Italie) présente des traces de cocaïne, ce qui révèle que ce stupéfiant était utilisé en Europe deux siècles plus tôt qu’on ne l’attestait jusqu’à présent”, rapporte New Scientist.

Une équipe de chercheurs de l’université de Milan a procédé à des analyses toxicologiques d’échantillons de tissus prélevés sur les cerveaux momifiés de neuf personnes enterrées dans les années 1600 dans la crypte – particulièrement bien préservée – associée à l’Ospedale Maggiore, l’ancien hôpital qui soignait les pauvres de la ville.

Pour deux d’entre eux, la présence de cocaïne, une substance produite à partir de la plante de coca (Erythroxylum spp., endémique d’Amérique du Sud) a été mise en évidence. De l’hygrine, un alcaloïde présent naturellement et essentiellement dans les feuilles d’Erythroxylum, a également été trouvé, laissant penser que la coca a été mâchée.

Pas forcément à des fins thérapeutiques

“Dans la mesure où la plante ne figurait pas dans les pharmacopées hospitalières détaillées, elle pourrait ne pas avoir été administrée à des fins thérapeutiques, mais avoir été utilisée dans d’autres buts”, écrivent les chercheurs dans leur étude publiée le 3 août dans le Journal of Archaeological Science. La même équipe de chercheurs avait déjà démontré (en décembre 2023) la présence de composés psychoactifs du cannabis au XVIIe siècle à partir de restes humains prélevés dans cette même crypte.

Interrogé par New Scientist, l’archéologue Mario Zimmermann (Boise State University, dans l’Idaho), qui n’a pas participé à ces travaux, fait remarquer :

“Le fait que des citoyens plus pauvres consommaient de la coca [à cette époque] montre que la plante était librement accessible sur le marché, ce qui a probablement pris plusieurs années.”

Les Espagnols avaient découvert les propriétés psychoactives et thérapeutiques des feuilles de coca après s’être emparé de l’Amérique du Sud, d’où la plante est originaire. Mais ils auraient limité la diffusion de ces connaissances afin de les conserver au sein de l’empire espagnol, suppose-t-on. “On doit maintenant s’intéresser à l’étendue de la zone où s’est propagée la plante et au nombre de personnes concernées”, estime Mario Zimmermann.

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