“Un clivage moins important entre européistes et souverainistes”

Le thème des relocalisations, de la réindustrialisation, a été particulièrement présent pendant la campagne présidentielle et sera également au cœur des législatives. La France se trouve-t-elle à un tournant politique sur ces sujets ?

Oui, le clivage entre européistes et nationalistes est moins net qu’en 2017. J’ai le souvenir qu’à l’époque il y avait réellement une lutte entre les “mondialisés”, comme disait Marine Le Pen, et les souverainistes. Pendant cette campagne, j’ai l’impression qu’Emmanuel Macron s’est concentré davantage sur les sujets de pouvoir d’achat, de politique intérieure, et un peu moins sur les questions globales. Après être allé à Moscou et s’être montré très actif par rapport à la guerre en Ukraine, il a tenté de se poser en candidat attentif, plus proche des territoires.

C’est un sujet qui a préoccupé l’électorat en tout cas, c’est sûr. Et ça continuera de l’être dans les prochaines années. Dans leurs communications, les candidats l’ont pris en compte. Est-ce que c’est un mouvement de fond, vraiment ? Pour le moment c’est difficile à dire. Mais on se souvient que, pendant la crise du Covid-19, Emmanuel Macron lui-même a lui aussi parlé de relocaliser, notamment dans des secteurs stratégiques comme la santé.

L’union de la gauche s’est faite autour d’un programme qui met l’accent sur la souveraineté. Est-ce la ligne qui l’a définitivement emporté à gauche ?

C’est une question brûlante. L’effort de bâtir une gauche unie est tout à fait raisonnable, mais ça s’est fait sur des acrobaties lexicales. Par exemple sur le fait de “désobéir” aux traités européens du côté de La France insoumise, ou bien d’y “déroger” selon le Parti socialiste. C’est la faiblesse de cette union, cela peut fonctionner pour des questions intérieures, mais elle aura du mal à tenir sur les questions de fond et de politique internationale comme celle-ci. Après, on est effectivement sans doute allés trop loin dans les délocalisations. Une certaine relocalisation est souhaitable, même si c’est difficile de raisonner dans une sorte d’autarcie européenne.

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