Publicité

Clip polémique d'Éric Zemmour : derrière l'amateurisme, un "dérapage contrôlé" ?

Capture d'écran Youtube / Éric Zemmour

La vidéo de déclaration de candidature à l'élection présidentielle, composée de nombreuses images utilisées sans autorisation de leurs propriétaires, est au cœur des débats, notamment pour des questions de droit d'auteur.

Éric Zemmour a mis fin au faux suspens concernant sa candidature, en révélant à la mi-journée sur les réseaux sociaux un discours de candidature de 10 minutes illustré par de nombreuses images. Parmi elles, des extraits de reportages de télévision (BFMTV, France 3,) d'images d'archives de l'INA (Institut national de l'audiovisuel), mais aussi de films comme "Jeanne d'Arc", autant d'images utilisées sans l'accord de leurs propriétaires.

Une méthode pointée du doigt par beaucoup, qui dénoncent la méconnaissance du droit d'auteur et moquent l'amateurisme de l'équipe derrière la réalisation de ce clip. Mais cette utilisation frauduleuse d'images pourrait s'inscrire dans une stratégie pour le candidat.

"Un impact énorme"

"Je ne pense pas que la vidéo ait été faite naïvement. Le clip a couté très peu cher, il a été diffusé en direct sur les chaines d'information, sur YouTube, ce qui permet d'engranger de nouveaux abonnés, l'impact est énorme", décrypte Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste en communication.

En 6 heures de diffusion, la vidéo a engrangé près d'un million de vues, auxquelles il faut ajouter l'impact auprès des téléspectateurs des chaines d'information en continu qui ont diffusé en direct la vidéo, et même diffusé le compte à rebours en direct.

"Il pourra crier à la censure et se victimiser"

Plusieurs chaines d'information ont décidé de ne diffuser que les extraits du clip où l'on aperçoit Eric Zemmour, afin d'éviter de diffuser des images dont les droits d'auteurs sont floués. Le clip pourrait même être retiré de la plateforme YouTube pour atteinte au droit d'auteur.

"Même s'il est censuré, le clip continuera d'être diffusé, sous le manteau, et deviendra le clip sulfureux de la campagne. Donc c'est un très bon coup de pub pour Éric Zemmour, qui pourra crier à la censure, se victimiser, et faire croire qu'il est le candidat que l'on veut faire taire, avec ses propos habituels sur les médias et les élites qui le haïssent", poursuit le professeur de communication politique à Sciences Po, qui rappelle que la campagne d'Éric Zemmour est un "dérapage, toujours contrôlé".

Un "coup de poker"

Un "dérapage contrôlé" de la part d'Éric Zemmour qui pourrait coûter cher. Gaumont prépare un référé auprès du tribunal pour utilisation sans autorisation d'extraits de deux films, selon un journaliste du Figaro, tandis que l'Institut national de l'audiovisuel (INA), dont de très nombreux extraits de vidéos ont été utilisés, affirme être "en train d'expertiser le clip de campagne". Le journaliste indépendant Clément Lanot se réserve quant à lui le droit d'entamer des poursuites après l'utilisation d'images lui appartenant sans autorisation.

"C'est un nouveau coup de poker car même s'il doit payer ensuite, il réussit à être au centre des conversations autour de son clip, au travers de la polémique sur l'utilisation des images, et sur les symboles. Il y a beaucoup de cynisme de sa part à utiliser Brassens ou Sautet dans son clip", estime Philippe Moreau-Chevrolet.

Une spécialité de Donald Trump

Dans l'après-midi, c'est le chanteur Woodkid qui a dénoncé l'utilisation de sa musique par Génération Zemmour pour "une vidéo de propagande", de "manière totalement illicite".

L'utilisation d'œuvres sans l'accord des ayants-droits, une spécialité de Donald Trump. L'ancien président des États-Unis a utilisé la chanson des Village People "YMCA" durant sa campagne, entrainant un dépôt de plainte de la part des ayants droit. Depuis 2016, Pharrell Williams, Panic! At The Disco, R.E.M, Guns N' Roses, Rihanna ou encore Eddy Grant ont tous publiquement dénoncé l'utilisation d'un ou plusieurs de leurs titres par l'équipe de campagne du président américain ou par le parti républicain.

VIDÉO - Zemmour candidat : le décryptage de sa vidéo de candidature