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Climat: Des militants bloquent Total, Société générale, EDF à La Défense

Des militants écologistes ont bloqué vendredi les sièges de Total, Société générale et EDF à La Défense (Hauts-de-Seine) et dénoncé l'action d'Emmanuel Macron, lors d'une journée de "désobéissance civile" pour le climat. /Photo prise le 19 avril 2019/REUTERS/Benoit Tessier

LA DEFENSE, Hauts-de-Seine (Reuters) - Des militants écologistes ont bloqué vendredi les sièges de Total, Société générale et EDF à La Défense (Hauts-de-Seine) et dénoncé l'action d'Emmanuel Macron, lors d'une journée de "désobéissance civile" pour le climat.

Ils ont bloqué les accès et accroché des portraits du président français surmontés de l'inscription "Macron président des pollueurs" sur la façade d'au moins une des tours.

"Les petits pas, ça suffit pas", ont scandé des dizaines de militants de Greenpeace, Les amis de la Terre et d'ANV-COP21, assis devant l'entrée de la tour de la Société générale.

Des manifestants ont également bloqué un bâtiment du ministère de la Transition écologique situé dans ce quartier d'affaires de l'Ouest parisien.

"Le mouvement climat français dénonce l'alliance toxique qu'Emmanuel Macron et son gouvernement entretiennent avec les grandes entreprises dont l'activité accélère le changement climatique", écrivent les organisations dans un communiqué.

Affirmant que plus de 2.000 personnes ont participé à cette action, elles ajoutent que "des mesures radicales et immédiates sont nécessaires pour parvenir à limiter le réchauffement climatique à +1,5°C d'ici la fin du siècle".

Des policiers ont aspergé de gaz lacrymogène des manifestants assis devant l'entrée de la Société générale en milieu de matinée, sans les déloger.

MACRON, CHAMPION AUTOPROCLAMÉ ET CONTESTÉ DU CLIMAT

Emmanuel Macron s'est efforcé de s'ériger en champion de l'Accord de Paris pour le climat en répliquant avec le slogan "Make the planet great again" à l'annonce de Donald Trump de sa volonté d'en faire sortir les Etats-Unis. Mais son action est très critiquée par des militants écologistes.

Quatre organisations - Greenpeace, Oxfam, la Fondation pour la nature et l'homme, Notre affaire à tous - ont notamment saisi la justice pour contraindre l'Etat à relever ses ambitions.

Emmanuel Macron "a changé" sur l'environnement, assurait fin mars Pascal Canfin, militant écologiste devenu candidat du parti présidentiel La République en marche (LaRem) pour les élections européennes du 26 mai.

"Je suis l'une des rares personnes à lui avoir dit 'non' deux fois. Si je lui dis 'oui' aujourd'hui, c'est parce qu'il a changé, il est en train de changer.", expliquait-il.

Le gouvernement vient de relever ses ambitions en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, à en croire une nouvelle version du futur projet de loi sur l'énergie et le climat dévoilée la semaine dernière dans la presse.

Cette deuxième mouture prévoit une division par plus de six des émissions d'ici à 2050, alors que la précédente version, mise au rebut le mois dernier, fixait comme seul objectif celui, plus flou, de la neutralité carbone à l'horizon 2050.

Emmanuel Macron a parallèlement décidé que la France voterait contre l’ouverture de négociations commerciales entre l’Union européenne et les Etats-Unis en raison du contexte de menaces commerciales répétées de Donald Trump et de la sortie annoncée des Etats-Unis de l’Accord de Paris.

La décision ne se prenant pas à l'unanimité, les Etats européens ont donné lundi leur accord à l'ouverture de ces négociations, malgré l'opposition de Paris.

A l'issue du Conseil européen du 22 mars, le président français avait regretté des conclusions très insuffisantes à ses yeux sur le dérèglement climatique et pressé les dirigeants européens de relever rapidement leurs engagements.

"Il nous faudra aussi sur ce point un réveil, mais il n’est pas encore là. Je ne vais pas vous mentir", avait-il déploré.

L'entreprise EDF a déclaré vendredi qu'elle produisait 96% de son électricité "sans CO2" et qu'elle s'était engagée à réduire ses émissions de 40% à l’horizon 2030. "Le groupe est en bonne voie pour atteindre cet objectif : en 2018, les émissions de CO2 du groupe ont atteint un niveau historiquement bas avec une réduction de 30% par rapport à 2017", explique EDF dans un communiqué.

Total et Société générale n'ont pas souhaité commenter l'action en cours à La Défense.

(Antony Paone et Benoît Tessier à La Défense, Caroline Pailliez, Jean-Baptiste Vey et Inti Landauro à Paris, édité par Sophie Louet)