Climat : le dérèglement permanent
“Drill, baby, drill !” (“Forez, les gars, forez !”) : parmi les nombreuses annonces de Donald Trump lors de son discours d’investiture, lundi 20 janvier, celles sur les énergies et le climat n’ont pas franchement surpris ni rassuré – ni les autres annonces d’ailleurs, que ce soit en matière d’immigration, de diversité, de politique étrangère… Oublié le Green Deal de l’administration Biden, vive les énergies fossiles et adieu (de nouveau) l’accord de Paris. Le monde est prévenu : la lutte contre le changement climatique, ce sera sans les États-Unis.
Dans son édition du 18 janvier, l’hebdomadaire New Scientist s’inquiétait déjà de ce revirement : “On peut s’attendre à ce que les États-Unis réduisent leur action en faveur de la lutte contre le dérèglement climatique et encouragent le développement des combustibles fossiles.” C’est chose faite, et cela au moment où les phénomènes extrêmes se multiplient partout dans le monde. Inondations meurtrières en Espagne, cyclone à Mayotte, incendies ravageurs à Los Angeles… “Nous avons brisé le climat”, déplore encore le magazine scientifique.
C’est à cette accélération vertigineuse que nous avons choisi de consacrer notre couverture cette semaine. Les mégafeux de Los Angeles (qui ne sont toujours pas maîtrisés) ne sont pas le fruit du hasard. “Les feux apocalyptiques qui dévorent la ville de Los Angeles, où je suis né, ne sont qu’une manifestation exacerbée de la norme dans la région”, explique ainsi Harold Meyerson dans The American Prospect, en rappelant les écrits visionnaires de Mike Davis, chercheur en sciences sociales et auteur de City of Quartz qui, au début des années 1990, décrivait “l’incessante inflammabilité de Los Angeles, aussi bien physique que sociale”.
C’est ce que raconte très bien aussi le climatologue Peter Kalmus dans l’article du New York Times qui ouvre notre dossier. Il y a deux ans, il a quitté la Californie parce qu’il redoutait ce qui est en train de se produire. “Tant que nous laisserons le secteur des carburants fossiles faire la loi, la situation ne pourra que s’aggraver”, dit-il en dénonçant “le chaos climatique irréversible” provoqué par les grandes compagnies du gaz, du pétrole et du charbon. “Pour ceux qui ont tout perdu dans des désastres climatiques, l’apocalypse est déjà là.”
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