Publicité

Climat: Accord sur des règles d'application de l'Accord de Paris

Près de 200 pays sont parvenus à surmonter leurs divisions samedi pour se mettre d'accord sur des règles de mise en œuvre de l'Accord de Paris sur le climat. /Photo prise le 15 décembre 2018/REUTERS/Kacper Pempel

par Bate Felix, Nina Chestney et Agnieszka Barteczko

KATOWICE, Pologne (Reuters) - Près de 200 pays sont parvenus à surmonter leurs divisions samedi pour se mettre d'accord sur des règles de mise en œuvre de l'Accord de Paris sur le climat, mais certains ont estimé ce compromis insuffisant pour lutter contre les effets du réchauffement climatique.

Après deux semaines de négociations à Katowice en Pologne, les pays parties à l'Accord sur le climat, adopté en décembre 2015 à Paris et entré en vigueur en novembre 2016, sont parvenus à un consensus sur les détails de sa mise en oeuvre. Cet accord vise à limiter la hausse de la température mondiale à moins de deux degrés Celsius par rapport à l'époque pré-industrielle.

"Il n'est pas facile de se mettre d'accord sur un texte aussi spécifique et aussi technique. Grâce à ce texte, vous avez fait ensemble un millier de petits pas en avant. Vous pouvez être fiers", a déclaré aux délégués le Polonais Michal Kurtyka qui présidait les débats de la 24e conférence (COP24) de la Convention-cadre de l'Onu sur le changement climatique (CCNUCC).

Dès avant le début des négociations, beaucoup s'attendaient à ce que l'accord ne soit pas aussi solide qu'il aurait fallu. L'unité des négociations de Paris s'est fissurée et les Etats-Unis, un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre, ont fait connaître leur intention de sortir du traité.

À la onzième heure, les ministres de l'Environnement ont réussi à sortir d'une impasse entre le Brésil et d'autres pays au sujet des règles de comptabilisation des crédits-carbone, en reportant l'essentiel de cette discussion à l'année prochaine. Mais de ce fait, ils ont manqué une occasion d'envoyer un signal fort aux entreprises d'accélérer leurs actions en la matière.

Néanmoins, les ministres épuisés après des pourparlers-marathon ont réussi à surmonter une partie de leurs divisions pour produire une sorte de règlement de 156 pages qui détaille la mise en oeuvre de l'Accord de Paris.

On y trouve par exemple une section sur la manière dont les pays rendront compte de leurs engagements en matière de réduction de gaz à effet de serre.

"Certains éléments du règlement vont certes devoir être étoffés, mais il constitue un socle pour renforcer l'Accord de Paris. Et il pourrait contribuer à faciliter un retour des Etats-Unis dans l'Accord de Paris de la part d'une future administration présidentielle", commente Alden Meyer du groupe de scientifiques américains Union of Concerned Scientists (UCS).

ABSENCE

Certains pays et groupes de défense de l'environnement ont critiqué le résultat de la COP24. Ils estiment qu'elle aurait dû appeler à des réductions d'émissions plus ambitieuses pour freiner la hausse des températures.

"Un immense gouffre se creuse entre ce qui est requis pour contenir le réchauffement climatique et ce que les Etats font", déclare Maxime Combes, porte-parole d'Attac France sur les questions climatiques dans un communiqué.

"A ce rythme, un record d'émissions de GES sera battu chaque année jusqu'en 2030, alors qu'il faudrait les réduire en valeur absolue au plus tard dans les deux ans. Il est temps d’arrêter de faire comme si les politiques économiques néolibérales et productivistes, injustes et insoutenables, pouvaient résoudre la crise climatique qu'elles nourrissent inlassablement."

Il a également déploré l'absence du ministre de la Transition écologique François de Rugy et de sa secrétaire d'Etat Brune Poirson.

Les pays les plus pauvres, démunis par rapport au changement climatique, ont de leur côté souhaité plus de clarté sur la manière dont un financement de 100 milliards de dollars par an déjà convenu pour le financement de la lutte contre le changement climatique à l'horizon 2020 serait fourni.

Ils auraient également souhaité en savoir plus sur ce qui sera fait après cette échéance.

Le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, qui a quitté les pourparlers jeudi, a souligné le besoin d'approfondir les travaux.

"L'ambition doit guider tous les États membres dans la préparation de leurs (projets de réduction des émissions) pour 2020 afin d'inverser la tendance actuelle, selon laquelle le changement climatique continue à aller plus vite que nous", a déclaré Antonio Guterres.

Un rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) commandé par l'Onu en octobre avertit que, pour maintenir la hausse de la température de la Terre à 1,5°C, il faudra "des changements sans précédent" dans tous les domaines de la société.

D'autant que, selon une étude rendue publique mardi, la température moyenne de la planète est bien partie pour dépasser largement les objectifs fixés en 2015 par l'Accord de Paris.

(Danielle Rouquié pour le service français, édité par Arthur Connan)