Clandestins algériens: Gérald Darmanin, accusé de mentir sur les chiffres par Alger, persiste et signe
Gérald Darmanin campe sur ses positions, et renvoit la balle du côté d'Alger. 7730 obligations de quitter le territoire français (OQTF) ont bien été prononcées depuis janvier contre des ressortissants algériens, a assuré lundi l'entourage du ministre de l'Intérieur, en réponse au président algérien l'accusant de "gros mensonge".
"Moussa Darmanin a bâti un gros mensonge", avait déclaré, ce dimanche, Abdelmadjid Tebboune à l'adresse du ministre de l'Intérieur français, dont Moussa est le deuxième prénom donné en hommage à son grand-père, un tirailleur algérien ayant combattu lors de la Seconde Guerre mondiale.
"Il n'y a jamais eu 7000 [clandestins algériens, NDLR], c'est complètement faux", avait déclaré Abdelmadjid Tebboune, dans un entretien avec plusieurs médias algériens.
"La liste qui nous est parvenue en 2020 et les trois listes en 2021 comptaient 94 cas parmi lesquels 21 ont été acceptés et 16 autres rejetés", avait assuré le président algérien. "Ils ne vont pas rentrer [en Algérie] car ils sont liés au terrorisme. Ils sont venus de Syrie (...). Il y a des binationaux qui n'ont pas de famille ici", avait-il ajouté.
Gérald Darmanin s'appuie sur une addition composite
L'entourage de Gérald Darmanin a expliqué en réponse, ce lundi:
"La liste [des 94 Algériens, NDLR] à laquelle le président Tebboune fait référence correspond aux profils ultra-prioritaires, ceux fichés pour radicalisation et qu'on considère comme les plus dangereux, qu'on veut renvoyer au plus vite".
Par ailleurs, 97 Algériens en situation irrégulière sont inscrits au Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), ainsi que 260 Algériens en situation irrégulière sont sur la liste "Plazza", c'est-à-dire qu'ils ont commis de graves troubles à l'ordre public [meurtres, tentative de meurtres, viols, agressions sexuelles ou trafic de stupéfiants], selon l'entourage du ministre.
Le reste des 7730 OQTF peuvent concerner des personnes entrées irrégulièrement en France sans titre de séjour ou vivant sur le territoire au-delà de la durée de validité d'un visa ou d'une carte de séjour valable ou encore représentent une menace pour l'ordre public et résidant depuis moins de trois mois en France.
Réduction de moitié des visas pour l'Algérie et le Maroc
La France a annoncé, le 28 septembre dernier, une réduction de moitié des visas pour l'Algérie et le Maroc et d'un tiers pour la Tunisie, invoquant comme raison le "refus" de ces pays de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France.
Ce nombre de laissez-passer attribués depuis le début de l'année, soit "une trentaine", "n'est pas acceptable", a répété lundi l'entourage de Gérald Darmanin.
Alger avait réagi dès le lendemain de l'annonce de la France en convoquant l'ambassadeur français pour lui notifier une "protestation formelle du gouvernement algérien suite à une décision unilatérale du gouvernement français affectant la qualité et la fluidité de la circulation".