Clémentine Autain met en garde face au "spectre du retour aux deux gauches irréconciliables"

L'heure est grave à gauche. Et le ton de Clémentine Autain l'est tout autant. La députée insoumise s'est fendue d'une note de blog ce mercredi dans laquelle elle pointe du doigt le "spectacle que donne à voir la Nupes", qualifié d'"affligeant". "J'ai honte de nous", déplore l'élue de Seine-Saint-Denis.

Les tensions, exacerbées depuis la prise de position de Jean-Luc Mélenchon et ses proches sur la guerre entre le Hamas et Israël, ont atteint leur paroxysme mardi soir, ou plutôt mercredi, dans la nuit: le Parti socialiste a voté en Conseil national un "moratoire sur sa participation aux travaux de la Nupes". Plus tôt, dans la matinée, Jean-Luc Mélenchon l'avait accusé de "romp[re]" la coalition des gauches.

"Nous n'avons pas été à la hauteur"

En cause: le discours de La France insoumise qui refuse de qualifier le Hamas d'organisation "terroriste", mais condamne des "crimes de guerre", au nom du "droit international". Mais aussi, plus largement, "la méthode Mélenchon" pour paraphraser Olivier Faure, ainsi que plusieurs séquences de désaccords successifs: sur Adrien Quatennens, la stratégie lors de la réforme des retraites, les émeutes de cet été ou encore les élections européennes.

Concernant le Hamas, Clémentine Autain a marqué sa différence, à l'image d'autres membres de son camp (Alexis Corbière, François Ruffin, Raquel Garrido...) qualifiés de "frondeurs" depuis qu'ils n'ont pas été retenus dans la direction insoumise. La parlementaire de 50 ans a ainsi reconnu ce dimanche "une faute politique" de LFI.

Sur son blog, elle fait passer un message à sa formation: "Nous étions le fer de lance de la Nupes et nous n'avons pas été à la hauteur pour le faire vivre".

"Sans dédouaner la responsabilité de certains leaders ou courants d’autres partis, la LFI en tant que force motrice, ayant initié la coalition, a vocation à garantir le bon fonctionnement et le pluralisme de la Nupes", écrit-elle encore.

"Issue brune"

"Le résultat est aujourd'hui un désastre", alerte Clémentine Autain, qui met en garde face à la "menace bien réelle de cette issue brune", soit une victoire de l'extrême droite en 2027, lors de la prochaine présidentielle. "Le RN se banalise quand nous devenons infréquentables", constate la députée, fustigeant les "horreurs" et "mensonges assénés sur toutes les ondes à notre égard".

Dans ce contexte, "rien d'étonnant à cela que les tenants de l'idéologie dominante cherchent à nous transformer en épouvantail", juge Clémentine Autain. "Mais bon sang, évitons de lui donner des prétextes", enjoint ensuite l'insoumise, qui appelle à ne "pas perdre le fil de nos convictions, mais sans rabougrir notre audience et notre crédibilité à devenir majoritaire". C'est toute la question stratégique qui anime La France insoumise où François Ruffin "n'a plus envie de hurler", et souhaite se "soc-démiser".

"Faisons cause commune"

Tandis que la stratégie du "bruit et la fureur" de Jean-Luc Mélenchon est largement remise en cause par ses partenaires de la Nupes, Clémentine Autain met en garde face au "spectre du retour aux deux 'gauches irréconciliables'", pour mieux réfuter cet argument dans la foulée:

"Ce n’est pas vrai", dit-elle, insistant là sur la position du "RN en embuscade", qui rendrait "irresponsable de ne pas chercher ardemment les passerelles, les convergences, les cadres communs pour renouer avec l’espoir dans notre pays."

Celle qui avait dénoncé un "repli" et un "verrouillage" "assumés de façon brutale" lors de la mise en place de la nouvelle direction insoumise appelle pour la suite à "la démocratie et le pluralisme". "Je garde résolument espoir", insiste cette fervente partisane de la Nupes, avant de poursuivre: "Faisons cause commune! Et commençons par retrouver le fil du dialogue et de notre responsabilité historique. Il y a urgence."

Article original publié sur BFMTV.com