Civils tués, mosquée détruite... Ce que l'on sait de la frappe sur une école à Gaza
Ce samedi 10 août, la Défense civile de la bande de Gaza contrôlée par le mouvement palestinien Hamas a affirmé que 93 personnes avaient péri dans des frappes israéliennes sur une école de la ville de Gaza.
Située au centre-ville, l'école coranique al-Tabi'een a été frappée dans la nuit de vendredi à samedi et servait d'abri à environ 250 personnes déplacées, dont une majorité de femmes et d'enfants, selon des sources de médias du gouvernement du Hamas.
• Israël visait des "terroristes"
Selon l'armée israélienne, l'établissement scolaire servait de centre de commandement à des "terroristes". Elle a indiqué sur X que "le complexe, et la mosquée (...) servaient d'installations militaires pour le Hamas et le Jihad islamique", utilisées pour "perpétrer des attentats terroristes".
L'armée israélienne a d'ailleurs indiqué samedi avoir éliminé "au moins 19 terroristes du Hamas et du Jihad islamique". "À la suite d'une enquête des services de renseignement, il peut être confirmé qu'au moins 19 terroristes du Hamas et du Jihad islamique ont été éliminés", a affirmé l'armée dans un communiqué dans lequel elle a publié les noms et les photos qu'elle présente comme ceux des combattants tués.
De son côté, le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, a déclaré à l'agence de presse britannique Reuters qu'environ 350 familles ont trouvé refuge dans ce complexe, parmi les centaines de milliers de Palestiniens déplacés de leurs maisons par l'assaut israélien sur Gaza. L'étage supérieur, où vivent des familles, et l'étage inférieur, utilisé comme mosquée, ont tous deux été touchés, a-t-il précisé.
Au moment des frappes, les personnes présentes dans l'enceinte de l'école étaient en train de faire la prière de l'aube, a indiqué un secouriste à l'AFP. Réveillé par les explosions, Sakr, un habitant de la ville de Gaza, a constaté plusieurs "corps d'enfants éparpillés dans la rue".
• Des femmes et des enfants parmi les victimes
Ces frappes, dont le bilan ne peut être vérifié de source indépendante, sont parmi les plus meurtrières depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, selon les données fournies par le mouvement islamiste.
Selon la Défense civile de la bande de Gaza, 93 personnes ont péri dans les frappes israéliennes, parmi lesquelles onze enfants et six femmes. "Des dizaines de personnes ont été blessées, dont certaines sont en soins intensifs, et il y a de nombreux morceaux de corps non identifiés et des personnes disparues", a ajouté l'organisme.
De son côté, l'armée israélienne a indiqué que les chiffres fournis par le Hamas ne correspondaient pas aux informations des Forces de défense israéliennes. "La frappe a été effectuée à l'aide de trois petites munitions précises qui ne peuvent pas causer l'ampleur des dégâts que les Palestiniens signalent", a déclaré le lieutenant-colonel israélien Nadav Shoshani sur X, sans donner de chiffres.
• De nombreuses réactions internationales
Ce samedi, la Turquie a qualifié la frappe israélienne de "nouveau crime contre l'humanité", dénonçant les intentions de "sabotage" de la part du Premier ministre Benjamin Netanyahu. "Israël a commis un nouveau crime contre l'humanité en massacrant plus d'une centaine de civils qui avaient trouvé refuge dans une école", a écrit le ministère, qui dénonce, "une fois de plus", la volonté de Benjamin Netanyahu "de saboter les négociations sur un cessez-le-feu".
"Cette attaque montre une fois encore que le gouvernement Netanyahu veut saboter les négociations sur un cessez-le-feu permanent", a déclaré le ministère turc.
"Les acteurs internationaux qui ne prennent pas de mesure pour arrêter Israël se rendent complices de ces crimes", a-t-il ajouté.
Sur X, le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, s'est dit "horrifié" par cette frappe meurtrière. "Horrifié par les images d'une école de Gaza servant d'abri, touchée par une frappe israélienne, qui aurait fait des dizaines de victimes palestiniennes. Au moins 10 écoles ont été ciblées ces dernières semaines. Il n'y a pas de justification à ces massacres," a écrit Josep Borrell sur X.
Dans un second post, il a affirmé condamner l'opposition du ministre israélien Bezalel Smotrich à un accord dans la bande de Gaza. "Un cessez-le-feu est le seul moyen de mettre un terme aux massacres de civils et d'assurer la libération des otages", a-t-il conclu.
"Le Hamas doit cesser de mettre en danger les civils. Israël doit se conformer au droit humanitaire international", a encore déclaré le chef de la diplomatie britannique David Lammy sur X. "Nous avons besoin d'un cessez-le-feu immédiat pour protéger les civils, libérer tous les otages et mettre fin aux restrictions sur l'aide", a-t-il ajouté.
En France, le ministère des Affaires étrangères a condamné "avec la plus grande fermeté" la frappe israélienne. "Depuis plusieurs semaines, des bâtiments scolaires sont visés de manière répétée, avec un nombre de victimes civiles intolérable", s'est indigné le Quai d'Orsay dans un communiqué, rappelant "que le respect du droit international humanitaire s'impose à Israël".
De son côté, la rapporteure spéciale de l'ONU pour les territoires palestiniens, Fransesca Albanese, a accusé Israël de "génocide des Palestiniens". L'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont également condamné l'attaque, tandis que le Qatar a demandé une "enquête internationale urgente".
• Un risque d'escalade
Après les frappes israéliennes, le Hamas a dénoncé un "crime horrible" et une "dangereuse escalade", alors qu'Israël a accepté ce vendredi de reprendre le 15 août les discussions sur une trêve dans la bande de Gaza.
Depuis plusieurs jours, des pays médiateurs tels que le Qatar, les États-Unis et l'Égypte, avaient appelé urgemment à un cessez-le-feu face au risque d'embrasement entre l'Iran et ses alliés d'une part et Israël de l'autre. Les craintes d'un embrasement ont redoublé après l'assassinat, le 31 juillet à Téhéran, du chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, attribué à Israël par l'Iran, et celui, la veille, du chef militaire du Hezbollah libanais, Fouad Chokr, tué dans une frappe israélienne près de Beyrouth.