En Cisjordanie occupée, ce « pogrom » mené par des colons israéliens indigne dans un contexte déjà tendu

L’attaque sur le village de Jit a fait un mort et un blessé grave, dans un contexte de violence exacerbée depuis le 7 octobre et d’accusations de violations des droits humains.

L’une des voitures incendiée par les colons israéliens à l’origine des violences survenues jeudi soir dans le village de Jit, en Cisjordanie occupée.
JAAFAR ASHTIYEH / AFP L’une des voitures incendiée par les colons israéliens à l’origine des violences survenues jeudi soir dans le village de Jit, en Cisjordanie occupée.

INTERNATIONAL - Les mots forts du président israélien. C’est en faisant référence aux fameux pogroms que le chef d’État Isaac Herzog a qualifié les actes de violence mortelle qui se sont déroulés ce jeudi 15 août dans le village de Jit, en Cisjordanie occupée.

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Une attaque de colons juifs y a fait un mort et un blessé, selon l’Autorité palestinienne, provoquant un émoi particulièrement important sur la scène internationale, notamment aux États-Unis, dans un contexte déjà tendu autour de la situation entre Israël et Iran, sans parler des nouvelles négociations en cours pour une trêve à Gaza.

Après l’attaque de jeudi soir, Isaac Herzog, dont le rôle est surtout protocolaire, a pourtant fait allusion aux pogromes. Ces brèves explosions de violence commises par une communauté contre une autre, à la nuance près que dans l’histoire, la population juive a très souvent été victime de ces actes motivés par le racisme ou la xénophobie, et non l’inverse. « Je condamne fermement le pogrom de ce soir en Samarie », a-t-il écrit dans un message posté sur X, en utilisant le nom de la province biblique correspondant au nord de la Cisjordanie.

Selon le ministère de la Santé palestinien, Mahmoud Abdel Qader Sadda, âgé de 23 ans, est tombé « sous les balles de colons ». Un autre habitant palestinien du village de Jit a été grièvement bléssé par un tir à la poitrine, selon cette même source. Pour décrire la situation, l’agence officielle palestinienne Wafa, a parlé « de colons armés » qui « ont attaqué le village de Jit, incendiant plusieurs véhicules ».

Du côté israélien, l’armée affirme qu’en début de soirée « des dizaines de civils israéliens, dont certains masqués, sont entrés dans [...] Jit, ont incendié des véhicules et des infrastructures dans la zone, et lancé des pierres et des cocktails Molotov ». L’armée confirme également à l’AFP que des soldats et des membres de la police aux frontières « ont évacué les civils israéliens de la ville ». En revanche, « un civil israélien ayant pris part à la violente émeute a été appréhendé et transféré à la police israélienne pour un interrogatoire ».

Des « émeutiers » pour Netanyahu

Alors que les violences continuent de se multiplier depuis le 7 octobre en Cisjordanie occupée, les principaux responsables politiques israéliens ont réagi avec retenue à ces violences, à commencer par le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Ce dernier s’est contenté de dire qu’il prenait « au sérieux les émeutes qui ont eu lieu ce soir dans le village de Jit ».

Si le terme d’« émeutiers » est souvent revenu, même dans la bouche de Yaïr Lapid, chef de l’opposition et fervent opposant du Premier ministre israélien, le président israélien a lui parlé d’une « minorité extrémiste qui porte préjudice à la population des colons respectueux des lois, à la colonisation dans son ensemble, et à [la réputation] d’Israël dans le monde, pendant une période particulièrement sensible et difficile ».

« Les forces de l’ordre doivent agir immédiatement contre ce phénomène grave et traduire les contrevenants en justice », a ajouté le président, souvent habitué à plus de discrétion. Il faut dire que le gouvernement de Benjamin Netanyahu, constitué avec le soutien de partis d’extrême droite, ne s’est pas fait sans une volonté d’extension de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée. Voire l’annexion pure et simple de l’intégralité de ce territoire palestinien qu’Israël occupe depuis 1967.

Le grand architecte de cette extension depuis 2022, et d’autant plus depuis le 7 octobre, le ministre des Finances d’extrême droite Bezalel Smotrich a donc assuré que les « émeutiers » de Jit n’avaient rien à voir avec « la colonisation et les colons ».

Les États-Unis, principal allié de l’État hébreu, ont pourtant qualifié d’« inacceptables » ces violences, exhortant également les autorités israéliennes à prendre les mesures nécessaires pour « protéger toutes les communautés ». D’après un décompte de l’AFP, au moins 633 Palestiniens ont déjà trouvé la mort dans des violences perpétrées par l’armée israélienne ou des colons depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza.

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