Les Grammy Awards se transforment en tribune politique

par Alexandria Sage LOS ANGELES (Reuters) - Après les Golden Globes, c'est la 59e cérémonie des Grammy Awards, réunion annuelle de l'industrie musicale américaine, qui s'est transformée dimanche soir en tribune politique pour dénoncer les mesures prises par Donald Trump depuis son arrivée à la Maison blanche. Une représentation de la Constitution américaine a été projetée au dessus de la scène et à l'apparition de la célèbre formule "We The People", servant d'introduction au texte, le public s'est levé pour applaudir. Plusieurs moments symboliques ont marqué cette soirée au cours de laquelle la chanteuse britannique Adele a remporté cinq trophées dont ceux du meilleur album, de la chanson et de l'enregistrement de l'année. Katy Perry, portant un brassard avec le mot "Persist" (Persister), a chanté sa nouvelle création intitulée "Chained to Rhythm" dont le refrain "We Think We're Free" (Nous pensons être libres) a pris un écho très politique. Devant une palissade de bois blanc (symbole des résidences de la classe moyenne américaine blanche) installée sur scène, elle a été rejointe par Skip Marley, petit-fils de la légende du reggae Bob Marley, dont les chansons traitent souvent de l'oppression et de l'injustice sociale. La victoire de Donald Trump lors de l'élection présidentielle américaine est mal vécue à Hollywood et les artistes ont à plusieurs reprises profité de cérémonies de remise de prix pour faire part de ce mécontentement. En janvier, lors des Golden Globes, événement organisé par l'Association de la presse étrangère à Hollywood, l'actrice Meryl Streep avait livré un émouvant plaidoyer contre l'attitude méprisante de Donald Trump, sans jamais citer son nom. "AGENT ORANGE" Ce besoin de contestation s'est à nouveau exprimé dimanche soir donnant à la cérémonie une atmosphère politique très éloignée de celle des habituels compliments et remerciements. "Nos voix sont plus nécessaires que jamais dans cette période si particulière de l'histoire", a commenté Jennifer Lopez au début de la soirée. James Corden, qui était le maître de cérémonie, s'est essayé à l'humour en reconnaissant qu'"avec Trump, on ne sait jamais ce qui va arriver" tandis que le groupe de hip hop A Tribe Called Quest et le rappeur Anderson Paak ont entonné un duo faisant mention de l'"Agent Orange", substance chimique utilisée par l'armée américaine pendant la guerre du Vietnam devenue le surnom de Trump. L'artiste Busta Rhymes est lui aussi monté sur scène pour remercier de manière ironique le président américain après l'échec de son décret suspendant l'entrée de citoyens de sept pays musulmans sur le territoire des Etats-Unis. Chance the Rapper est, lui, apparu avec un sweat à capuche portant la mention "Merci" devant et le nom "Obama" dans le dos. Le président de la Recording Academy, Neil Portnow, a regretté que l'on ne cesse de rappeler aux Américains ce qui les divise, comme la race, la religion, l'orientation sexuelle ou la politique, alors qu'"ils ont désespérément besoin qu'on leur rappelle ce qui les unis". (Jill Serjeant, Nicolas Delame pour le service français)