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L'enquête progresse, François Hollande veut une "grande coalition"

PARIS-BRUXELLES (Reuters) - La France a identifié le commanditaire présumé des attentats de Paris grâce aux progrès de l'enquête sur un drame qui a incité François Hollande à prôner la création d'une grande coalition avec la Russie pour éradiquer la menace de l'Etat islamique. Le président français, qui avait participé à une minute de silence observée dans tout le pays à midi, en hommage aux victimes des attaques de vendredi dernier, qui ont fait au moins 129 morts et 352 blessés, a prononcé le premier discours de son quinquennat devant le Congrès à Versailles. "Les actes de guerre de vendredi ont été décidés et planifiés en Syrie, organisés en Belgique, perpétrés sur notre sol avec des complicités françaises", a-t-il dit devant les députés et sénateurs réunis pour l'entendre présenter sa stratégie sur les plans militaire, européen et sécuritaire. Il a d'abord annoncé que les frappes françaises contre l'Etat islamique en Irak et en Syrie seraient intensifiées. "Il n'y aura aucun répit et aucune trêve", a promis François Hollande, devant un Congrès qui a chanté la Marseillaise. "Nous devons être impitoyables", a-t-il ajouté, en précisant qu'"il ne s'agit pas de contenir mais de détruire cette organisation". Des chasseurs-bombardiers français ont lancé dimanche soir leur raid le plus massif jusqu'ici en Syrie, visant Rakka, bastion de l'EI. Le raid a impliqué 12 avions français, dont 10 avions de chasse, et 20 bombes ont été larguées. Mais François Hollande a surtout annoncé qu'il rencontrerait Barack Obama et Vladimir Poutine "dans les prochains jours" pour construire une grande coalition visant à détruire Daech. Sur le plan intérieur, il a prôné une réforme de la Constitution ainsi qu'une refonte de l'état d'urgence et annoncé un renforcement général des services de police, de la défense et de la justice pour lutter contre le terrorisme. 23 ARRESTATIONS Mettant à profit l'état d'urgence décrété depuis vendredi soir, les forces de police ont interpellé 23 personnes lors de 168 perquisitions effectuées dans la nuit de dimanche à lundi dans de nombreuses villes de France. L'enquête, qui a révélé des failles dans le suivi de certains auteurs des attentats, a néanmoins réalisé des progrès rapides. Le cerveau présumé des attentats est un Belge d'origine marocaine Abdelhamid Abaaoud, 27 ans, une figure de l'EI qui serait à l'origine de plusieurs attentats ou projets en Europe, dit-on de source proche du dossier. Deux nouveaux assaillants ont été identifiés : le kamikaze du Stade de France auprès duquel un passeport syrien a été retrouvé et l'un des kamikazes de la salle de spectacle parisienne du Bataclan où au moins 89 personnes ont été tuées. L'authenticité du passeport syrien au nom d'Ahmad Al Mohammad, né le 10 septembre 1990 à Idlib (Syrie), reste à vérifier mais le procureur de Paris précise dans un communiqué que les empreintes du kamikaze concordent avec celles relevées lors d'un contrôle de "migrants" en Grèce en octobre. Le deuxième assaillant, un Français de 28 ans né à Paris et originaire de Drancy (Seine-Saint-Denis), Samy Amimour, avait été mis en examen le 12 octobre 2012 pour association de malfaiteurs terroriste, après notamment un projet avorté de départ vers le Yémen et placé sous contrôle judiciaire. Il ne respectait plus son contrôle judiciaire depuis 2013 et faisait l'objet depuis lors d'un mandat d'arrêt international. Les autorités françaises pensent qu'il s'était rendu en Syrie à cette période, selon une source proche du dossier. Trois membres de son entourage familial ont été placés en garde à vue lundi matin. Des perquisitions étaient en cours à Drancy dans son entourage. Un haut responsable turc a fait savoir que la Turquie avait alerté à deux reprises, en 2014 et 2015, la France sur l'un des attaquants du Bataclan identifié dès samedi, Ismaïl Omar Mostefai, mais que les autorités françaises n'avaient formulé de demande d'informations qu'après les attentats. Passé par le territoire turc fin 2013, il se serait rendu en Syrie fin 2013-début 2014, selon une source proche du dossier. OPÉRATION A BRUXELLES Sept membres de l'entourage de cet homme de 29 ans originaire de Courcouronnes (Essonne), connu de la justice française pour des délits de droit commun mais jamais incarcéré, étaient toujours en garde à vue lundi en France, a-t-on appris de source judiciaire. Des perquisitions ont été menées dimanche dans son entourage. Au total, quatre Français, dont plusieurs qui résidaient en Belgique, figurent pour l'heure au nombre des participants aux attentats. Il reste deux des sept kamikazes à identifier. L'un des deux Français identifiés dimanche, Bilal Hadfi, âgé de 20 ans, s'est fait sauter à proximité du Stade de France. Le deuxième, Brahim Abdeslam, 31 ans, a actionné son gilet d'explosifs dans le restaurant Le Comptoir Voltaire, dans le XIe arrondissement de la capitale. Une opération de police a été menée en vain lundi à Bruxelles pour tenter d'appréhender l'un des frères de ce dernier, Abdeslam Salah, un Français qui faisait l'objet d'un appel à témoins des autorités françaises depuis dimanche. Un troisième frère Abdeslam, également de nationalité française et habitant en Belgique, a été libéré. Deux personnes interpellées samedi en Belgique ont été maintenues en détention et inculpées pour "participation à un attentat terroriste et participation aux activités d'un groupe terroriste", a fait savoir le parquet fédéral belge. Les cinq autres suspects interpellés samedi dans le cadre de l'enquête sur les attentats de vendredi soir à Paris ont en revanche été relâchés. Pour alléger la charge des forces de l'ordre en France, la conférence climat au Bourget, prévue du 30 novembre au 11 décembre, se réduira à l'essentiel, la négociation d'un accord sur la réduction des gaz à effet de serre, a dit Manuel Valls. (Service France, édité par Yves Clarisse)