Cinq ans après, la CIA live-tweet l’exécution de Ben Laden

5 ans après le raid sur la cache de Ben Laden à Abbottabad au Pakistan, la CIA a réalisé une belle opération de com : live-tweeter pendant 5 heures le raid comme s’il avait lieu. Morceaux choisis.

“1:51 PM EDT - Les hélicoptères quittent l'Afghanistan pour Abbottabad au Pakistan #UBLRaid”

“3:30 PM EDT - 2 hélicoptères descendent sur la résidence d'Abbottabad au Pakistan. 1 se crashe, mais l'assaut continue sans retard ou blessure #UBLRaid”

"3:39 PM EDT - Oussama Ben Laden trouvé au troisième étage et tué #UBLRaid.”.

Il y a quelques décennies, réécrire l’Histoire prenait du temps. Aujourd’hui tout va plus vite, mais le résultat est le même. Le crash du deuxième hélico est une péripétie. Il suffit pourtant d’avoir vu la tête de Clinton voyant la scène en direct pour mesurer qu’à ce moment-là, la Maison Blanche s’est dit qu’elle allait droit à la cata. Les services pakistanais n’étant pas au courant de l’opération.

La première chasse à l’homme mondiale

On connait la suite. La foule réunie à Time Square. La phrase d’Obama « Ben Laden est mort et Général Motors est vivant », et cette manière très américaine de raconter l’histoire comme un bon film.

Il aura fallu 10 ans pour éliminer l’homme qui avait planifié les attentats du 11 septembre sur le World Trade Center. La première puissance au monde, qui détient tous les moyens d’écoute, de renseignement et d’intervention possibles (et qui les a employé sans retenu) aura mis 10 ans à éliminer un homme. 10 ans durant lesquels les USA ont mené la première chasse à l’homme mondiale, comme les marshal du far-West ! D’ailleurs une prime était promise à qui localiserait Ben Laden ! “On l’a eu”.

Tuer ben Laden n’a rien changé à la menace terroriste

Tout reste comme avant au pays des cowboys, ce qui permet d’oublier le fond : tuer Ben Laden n’a rien changé à la menace terroriste. En 15 ans de recherches pour comprendre Al-Qaïda, tous les experts du renseignement étaient au moins d’accord sur UNE chose : Al Qaida n’était pas une pyramide commandée par un chef caché dans les montagnes afghane. C’était une franchise gérée avec parcimonie, qui ensuite laissait libre court à ses filiales. Tuer Ben Laden, c’était tuer l’icône, l’inspirateur, le symbole. Un nom sur une affiche « Reward » et une récompense qui se mesure en nombre de points dans l’opinion publique. Mais la menace restait bien là.

Al-Qaïda est aujourd’hui plus fort que jamais en Syrie avec le Front Al Nosra. Au Sahel, où Ben Mokhtar reprend le combat. Mais surtout, c’est bien Al-Qaïda et son chef en Irak Abou Moussab Al-Zarqaoui qui ont servi de matrice à l’Etat islamique.

Pendant qu’Obama et la CIA célébraient la mort de Ben Laden en 2011, l’EI, créée 5 ans plus tôt, grossissait à vue d’œil. Mais à cette époque, le scénario n’était pas mûr pour en faire une mythologie nationale. L’EI était un problème irakien et Ben Laden était encore l’ennemi public numéro un des USA. On connait la suite.