Cinéma. “Canción sin nombre” : chanson triste, chant de résistance

Ce 22 juin, les salles de cinéma rouvrent en France, après avoir été fermées à cause de la crise sanitaire. L’occasion de découvrir Canción sin nombre, splendide film en noir et blanc de Melina León. Ancré dans le Pérou des années 1980, il retrace le combat d’une jeune Indienne dont le bébé est volé par un réseau mafieux.

Deux femmes entrent dans la galerie marchande Gallos-Mogollón. Dans cet ancien passage de l’avenue Emancipación, au centre de Lima, se trouve une rotonde qui laisse filtrer la lumière de manière très photogénique. Les commerçants les regardent passer sans les reconnaître.

Entre les boutiques de prothésistes et d’articles médicaux, la réalisatrice Melina León et l’actrice Pamela Mendoza se souviennent du tournage d’une des scènes les plus choquantes de Canción sin nombre [“Chanson sans titre”]. “Ici commence le calvaire de Georgina Condori, le personnage principal du film”, explique Pamela, l’actrice amatrice qui incarne celle-ci avec brio. C’est en effet dans ce décor que la réalisatrice a choisi de situer la clinique San Benito, un lieu peu engageant dissimulant un trafic de bébés dans le Pérou des années 1980, une période de convulsions politiques et de violences terroristes [voir encadré ci-dessous].

L’épopée kafkaïenne du jeune Indienne sans ressources

“Georgina, qui est enceinte, va venir dans cette clinique après avoir lu une annonce promettant des soins médicaux gratuits. Son bébé va lui être enlevé le jour même de l’accouchement”, explique la cinéaste. Commence alors l’épopée kafkaïenne de la jeune femme [une Indienne sans ressources, descendue des Andes] pour retrouver sa fille. Si ce moment tragique marque le début du film, c’est en se heurtant à l’indifférence et à la bureaucratie de l’État que Georgina va vivre un véritable calvaire. En effet, les policiers ne l’écoutent pas parce qu’elle n’a pas de pièce d’identité, de plus, c’est une réfugiée qui ne parle que quechua. Personne ne la soutient, même le palais de justice lui ferme ses portes. “Elle se heurte à la place qu’elle occupe dans le monde”, commente Pamela.

À cette histoire viennent s’ajouter celle de Leo Quipse (Lucio Rojas), le mari de Georgina [dont on comprend qu’il

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