«Le Ciel étoilé», la raison du plus fou

Dans l’appartement bordélique de Bruno (Laurent Poitrenaux, de dos), plusieurs personnages débarquent pour s’y éterniser.

Autour d’un romancier aux comportements étranges, ermite en mal d’inspiration et chaud lapin, le Français Ilan Klipper livre une surprenante comédie noire aux allures de vaudeville.

A proximité d’une tour de bols sales, de bouquins entassés et de cartons non déballés, une légion d’images «kikoolol» dont certaines ont probablement été glanées sur le Deep Web recouvrent les murs d’un appartement étroit : une femme au visage tartiné de Nutella, une autre qui arbore une coupe afro en cigarettes, un enfant étendu sur la plage accompagné d’un macaque et d’un perroquet, un poster Cosmodrama (le film de Philippe Fernandez) et un autre de Beyoncé… Au beau milieu du désordre, tourbillonnant mollement comme un insecte sous un lampion rose, passant vers une nuit d’encre bleu orient ou encore aveuglé par le blanc d’un écran de PC sans veille, le responsable de ce foutoir : Bruno. Du haut de ses 50 ans aux vertèbres bien tassées par l’alcool et l’inactivité, cet écrivain en rupture de ban rognonne ses mots à voix mi-basse puis grimpe soudainement dans les tours, hurle comme un dératé face à sa perruche, se rassoit, somnole, boit, puis reprend avec frénésie ses vocalises d’inepties. Il a écrit, il y a vingt ans maintenant, son unique best-seller : le Ciel étoilé au-dessus de ma tête, roman qu’il situe aisément «entre Céline et Philip K. Dick».

A présent, l’homme s’accroche aveuglément à la queue de sa propre comète, vit en coloc avec une jeune Femen, puis cherche désespérement à écrire (bien), baiser (bien aussi), et par là briller ne serait-ce qu’un peu (comme avant). On se demande dans quelle nuit il se se trouve ici, combien il a enquillé de bouteilles sans sommeiller - une ? Non, trente, ou même cent - solitaire noctambule en slip d’infortune qui prospecte l’inspiration comme un sourcier sans bâton.

Dandy défraîchi

Du même titre que ledit roman, le huis clos tragicomique du cinéaste français Ilan Klipper, présenté l’an dernier à Cannes côté Acid, nous fait suivre à la trace (...)

Lire la suite sur Liberation.fr

«Manifesto», salves de concepts
«Mutafukaz», gangs et manga
Vite Vu
Quatuor complice aux «Frontières»
«Une certaine rencontre», après-coup d’un soir