Avec la chute de Bachar El-Assad, l’espoir renaît enfin au Moyen-Orient

Un camion tractant la tête d’une statue déboulonnée de l’ancien président syrien Hafez El-Assad, le 6 décembre 2024 à Hama, en Syrie.

Nous vivons dans une région qui ne connaît quasiment que la violence depuis des décennies. Où les massacres répondent aux massacres, où les populations sont réprimées, déplacées, torturées, annihilées… Où l’histoire est pulvérisée, où des villes plurimillénaires sont écrabouillées et où ne règnent que la loi du plus fort et celle de l’impunité. Le monde arabe était mort. La Syrie était son tombeau et Gaza le dernier clou dans son cercueil.

Et soudain surgit l’espoir, et peut-être là où nous l’attendions le moins.

L’un des régimes les plus criminels au monde, qui a tué des centaines de milliers de personnes et en a fait disparaître des dizaines de milliers d’autres, qui a gazé sa propre population, qui a brûlé et vendu son pays pour conserver son pouvoir, qui n’a survécu que grâce au soutien de l’axe de la “déchéance” [en référence à l’axe de la “résistance”, l’alliance militaire et politique autour de l’Iran et ses alliés régionaux] et de l’ogre russe d’une part, et d’autre part, à l’abandon et à la lâcheté des Occidentaux, vient de tomber sans massacre.

Il faut réaliser à quel point cette précision, ce “sans massacre”, est importante et surprenante et fait encore plus de ce moment une journée historique.

Saut dans l’inconnu

Il y a bien sûr des dizaines d’inconnues et autant de raisons d’être inquiets.

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Le groupe Hay’at Tahrir el-Cham [qui a dirigé l’offensive qui a renversé le régime de Bachar El-Assad], malgré sa mue tactique, malgré son vernis cosmétique, demeure jihadiste et fondamentaliste. Son leader Abou Mohammad Al-Jolani fait preuve pour l’instant d’une redoutable intelligence politique dans la conquête du pouvoir, mais il ne faut pas être dupe sur ses réelles intentions et sur la nature de son mouvement.

Il en va de même de la Turquie, qui semble avoir apporté un soutien massif à cette offensive et ne cache pas sa volonté de briser les forces kurdes et de créer une zone de sécurité au nord de la Syrie, voire ses velléités impérialistes.

Les enjeux sont si nombreux. Comment éviter un bain de sang entre les forces rebelles et ce qui reste de l’armée syrienne retranché dans le réduit alaouite [communauté dont Bachar El-Assad est issue et dont le foyer se trouve sur le littoral syrien], la zone où les tensions confessionnelles risquent d’être les plus fortes ? Comment éviter une guerre civile entre les Kurdes et les insurgés, quand les premiers administrent des pans entiers de l’est et du nord du pays ? Que vont faire les troupes russes ? Et le Hezbollah, qui avait procédé à des ingénieries démographiques pour s’emparer de quartiers entiers dans ce pays voisin ?

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