Chute de Bachar al-Assad en Syrie: ces opposants libérés après des décennies de prison
Des libérations inattendues après des années derrière les barreaux. De nombreux opposants au régime syrien ont été libérés des prisons du pays ces derniers jours, après la chute de Bachar al-Assad. Parmi eux, des figures bien connues en Syrie, qui avaient été emprisonnées de façon arbitraire et parfois torturées.
La blogueuse syrienne Tal al-Mallouhi, emprisonnée pour espionnage, fait partie des détenus libérés, selon ses proches. Sa mère a confié à l'Agence France-presse, sa "joie immense" d'être de nouveau avec elle.
Arrêtée en 2009, alors qu'elle n'avait que 19 ans, Tal al-Mallouhi est âgée aujourd'hui de 33 ans. Connue pour ses écrits engagés, elle avait bénéficié d'une grande vague de soutien de la communauté internationale au moment de son interpellation.
Accusée de travailler pour les renseignements américains, ce que sa famille a toujours nié, la jeune femme avait été condamnée à 5 ans de prison, mais n'avait pas été relâchée à la fin de sa peine.
Le plus ancien prisonnier politique syrien
Autre figure de la contestation syrienne, l'ancien pilote militaire Ragheed Al-Tatari a également été libéré mardi 10 décembre. Il a passé 44 ans derrière les barreaux et était considéré par des associations comme le plus vieux prisonnier politique de Syrie.
Arrêté à l'âge de 27 ans, il est désormais septuagénaire. Il avait été emprisonné après avoir refusé de bombarder des positions d’insurgés qui s’étaient emparés de la ville d’Hama, en Syrie, selon son fils. Après sa libération, il avait réussi à s'enfuir ensuite en Jordanie, puis en Égypte, avant de faire son retour dans son pays, où il avait été arrêté une seconde fois.
Selon des médias syriens, l'ex-pilote n'avait eu droit à un procès qu'après 4 ans passés derrière les barreaux, le condamnant à perpétuité.
Un étudiant emprisonné pendant 39 ans
Outre ces noms connus de la population syrienne, les histoires de plusieurs détenus restés emprisonnés pendant des décennies, alors que leur famille les pensait parfois morts, ont émergé.
Ali Hassan al-Ali, était un jeune étudiant de 18 ans, lorsqu'il a été interpellé en 1986 par l'armée syrienne à un poste de contrôle. Sa famille n'avait eu aucune nouvelle de lui depuis, rapporte The Guardian.
"C'est indescriptible. Imaginez que vous ne l'ayez pas vu depuis 39 ans et que tout d'un coup on vous envoie sa photo, comment vous sentiriez-vous?", lâche son frère Mouamar, au journal britannique.
Des milliers de détenus libérés
Plusieurs ressortissants étrangers ont eu aussi pu retrouver leurs proches qui avaient presque perdu espoir de les revoir en vie. Parmi eux, Oussama Béchir Hassan al-Bataynah, ressortissant jordanien qui a pu rentrer dans son pays après 38 ans dans les geôles syriennes, ou encore le Libanais Souheil Hamawi, également rentré chez lui, après 33 années de prison en Syrie.
D'autres n'ont pas eu cette chance. L'activiste Mazen al-Hamada a notamment été retrouvé mort dans la prison de Saidnaya, tristement célèbre pour ses conditions de détention déplorables. La date de sa mort est inconnue.
Des milliers de détenus ont été libérés de la prison de Saydnaya par les rebelles syriens dimanche à leur entrée dans la capitale syrienne. Les images de prisonniers amaigris et hagards ont fait le tour du monde.