CHRONIQUE. De véritables incendies sous-marins silencieux

"Loin de nos yeux, loin de notre ressenti, l'invisibilité des vagues de chaleur marine masque un désastre silencieux", rappellent les chercheurs Céline Guivarch et Christophe Cassou.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°920, daté octobre 2023.

On a frôlé les 50 °C cet été sur les terres méditerranéennes. Images de flammes en boucle sur les chaînes d'infos, de forêts qui brûlent, de quartiers périurbains abritant souvent les populations les plus vulnérables qui s'embrasent, d'agriculteurs ruinés, de touristes et d'animaux hagards, de pompiers sidérés par la perte de collègues… Le changement climatique est visible par ces souffrances.

Des organismes marins passés au chalumeau

Les canicules terrestres s'impriment par miroir dans l'océan. Jour après jour, la mer intègre la chaleur atmosphérique. Loin de nos yeux, loin de notre ressenti, l'invisibilité des vagues de chaleur marine masque un désastre silencieux. Gorgones, posidonies, coraux, etc. sont passés au chalumeau, et c'est l'ensemble des écosystèmes marins qui subit les effets du changement climatique. Il y a toujours eu des vagues de chaleur marine, mais leur récurrence et leur intensité aujourd'hui dans tous les océans du monde sont incompatibles avec résilience et adaptation. Trop vite, trop fort…

Une menace grandissante

Quel intérêt pour des touristes d'aller observer des cimetières de coraux blanchis, désertés par la faune marine ? Quelle adaptation des communautés locales qui ont bâti aujourd'hui leur prospérité sur ce don de la nature, désormais fragilisé ? La menace est grandissante sur la sécurité alimentaire de populations très dépendantes de ressources marines qui n'existent que par la biodiversité. Dans tous les océans et mers du monde, nous brûlons ces écosystèmes en émettant encore et de plus en plus des gaz à effet de serre.

Par Céline Guivarch, directrice de recherche à l'École des ponts, auteure principale du 6e rapport du Giec, groupe 3. Et Christophe Cassou, directeur de recherche au CNRS, auteur principal du 6e rapport du Giec, groupe 1.

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